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Sorti renforcé du vote de la loi de santé, l’Ordre national infirmier (ONI), qui annonce 200 000 adhérentes sur les 600 000 âmes que compte la profession, ne semble toujours pas en mesure de s’imposer. Les centrales syndicales demandent plus que jamais sa suppression et les libéraux attendent un geste d’apaisement sonnant et trébuchant.
L’intersyndicale anti-Ordre, qui fédère sept centrales (1), n’entend pas désarmer. Elle continue ainsi de réclamer l’abrogation pure et simple de l’ONI au motif, entre autres, que l’ordre n’apporte rien à la profession infirmière… Elle souhaite également que ses missions soient désormais confiées au Haut conseil des professions paramédicales dans lequel siègent les syndicats. Plus largement, l’intersyndicale prône la disparition de tous les ordres professionnels.
Lors d’une conférence de presse, qui s’est tenue le 12 septembre à Paris, les organisations ont reproché au Gouvernement de ne pas avoir soutenu l’amendement qui supprimait l’instance ordinale lors du vote de la loi de santé. Elle a également dénoncé les intimidations multiples faites depuis aux infirmières si elles ne sont pas inscrites à l’Ordre : impossibilités de passer des concours ou d’être candidate pour siéger dans certaines instantes professionnelles, relances pour non paiement de la cotisation…
Afin de re-mobiliser les troupes, les syndicats ont annoncé une série d’actions à partir de la mi-décembre auxquelles elle appelle l’ensemble des professionnels de santé à participer massivement : rassemblement devant le ministère de la Santé et les ARS, lancement d’une pétition.
Davantage dans l’apaisement, la Fédération nationale des infirmiers (FNI—libéraux) vient d’adresser un courrier au président de l’Ordre infirmier, l’exhortant à effacer la dette des libérales inscrites, mais qui ne cotisent plus à l’Ordre. « Aujourd’hui, l’Ordre sanctionne celles qui à ses yeux devraient pourtant être considérées comme les plus vertueuses. Elles se sont inscrites parce qu’elles croyaient en la nécessité d’un ordre professionnel et ont cessé de le faire car elles n’y croyaient plus, alors que celles -comme les salariée- qui ne se sont jamais inscrites ne sont et ne seront absolument pas inquiétées », explique Philippe Tisserand, président de la FNI.
Interrogé, l’ONI ne souhaite pas faire de commentaire ni communiquer sur le montant de l’ardoise qu’il lui faudrait effacer. La FNI indique que la somme est loin d’être colossale et, en tout cas, bien moins importante qu’un second scrutin, en avril 2016, pour les élections des Unions régionales de professionnels de santé (URPS- infirmiers) car le premier, fixé fin 2015, avait été une catastrophe organisationnelle. Par sûr que ce genre d’argument soit vu du coté de l’Ordre comme une main tendue… Sans signe fort de l’Ordre, la FNI pourrait remettre son appel au boycott de la cotisation à l’ordre du jour. Bref, on tourne en rond.
Françoise Vlaemÿnck
1- CGT, CFDT, FO, SNICS-FSU, SUD, CFTC, Unsa Santé et Sociaux.