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Le Collège français des anesthésistes-réanimateurs souhaite ouvrir à l'ensemble des hospitaliers son dispositif de santé au travail lancé en 2013, auquel s'associe déjà le Syndicat national des infirmiers anesthésistes.
Numéro vert, E-chat, fiches pratiques, réseau addictologie... le dispositif de santé au travail élaboré par le Collège français des anesthésistes réanimateurs (CFAR) s'ouvre à l'ensemble des spécialités médicales. «Nous avons commencé à dialoguer avec les urgentistes, explique Max-André Doppia, président de la commission Santé du médecin anesthésiste-réanimateur au travail (Smart) au sein du CFAR. Nous prévoyons également de mobiliser les radiologues, les urologues, les médecins du travail… »
Le dispositif a été pensé à partir de 2009, après le suicide de trois médecins anesthésistes-réanimateurs (MAR) en l’espace de quelques mois. « On ne peut pas se contenter de dire que ces suicides sont liés aux difficultés personnelles, insiste Max-André Doppia. Le travail, en terme de contribution à la construction de l’identité personnelle, c’est aussi fondamental. » Depuis son lancement en 2013, Smart est régulièrement enrichi. « Notre volonté était de le faire fonctionner sur notre spécialité, puis d’associer progressivement les autres professionnels », résume le médecin.
D’emblée, deux représentants du Syndicat national des infirmiers anesthésistes (Snia) ont été associés à la commission. « Parce que nous rencontrons les mêmes difficultés sur le plan des conditions de travail, même si nous n’avons pas les mêmes statuts, les mêmes métiers, les mêmes responsabilités », poursuit le médecin. « Chaque semaine, dans les permanences de notre syndicat, nous entendons parler de harcèlement, de burn-out, de surcharge de travail, ajoute Edouard Podyma, secrétaire général adjoint du Snia et membre du Smart. Derrière les suicides, il y a des masses d’infirmiers qui souffrent. Je suis frappé de croiser régulièrement dans les ascenseurs des IDE en pleurs. »
La commission SMART a conçu un dispositif accessible depuis son site. Tout y est : documentation, fiches pratiques, auto-tests, coordonnées et liens utiles. Le numéro vert reçoit 4 à 5 appels par mois. « Ce numéro, ainsi que l’E-chat, existe pour ceux qui ne savent pas à qui parler, explique Max-André Doppia. Mais nous devons surtout apprendre à discuter de ces sujets en équipe, ce qui représentera une véritable révolution culturelle en France. »
L’adaptation des auto-tests en ligne à l’intention des équipes est la dernière initiative du CFAR en la matière. Plus de 4200 tests individuels ont été réalisés entre 2013 et avril 2016. Ils évaluent les tendances au burn-out, à la fatigue, à l’addiction, à l’anxiété-dépression, etc. « Désormais, vous pouvez aussi tester votre équipe, un service, voire tout un établissement, explique le médecin. Chacun peut consulter ses résultats et le référent d’équipe a accès à l’ensemble des résultats aux tests, anonymisés bien sûr. Ce qui permet d’ouvrir le débat au sein du collectif et d’envisager des améliorations. »
Prochainement, un prix SMART de la communication récompensera même le meilleur travail de sensibilisation aux risques psycho-sociaux en anesthésie-réanimation. « Quel que soit le professionnel concerné et le support de communication, souligne encore Max-André Doppia. Puis nous envisagerons de l’étendre aux autres spécialités.»
Sandra Mignot