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En cas d'événement indésirable grave, Ifsi et services pourraient travailler à une procédure commune plutôt que de simplement sanctionner l'étudiant.
« L'hôpital génère des risques : on y déplore 900 événements indésirables graves (EIG) par jour. Tous les Ifsi ont été, un jour ou l'autre, confrontés à des erreurs de la part de leurs étudiantes en stage, le plus souvent des problèmes médicamenteux ou d'identitovigilance. » Comment réagir en respectant le patient victime de l'EIG, certes, mais aussi en tirant des leçons de l'événement ? Comment construire à partir d'une erreur et, au passage, éviter de briser un tout jeune professionnel ? C'est la question que s'est posée l'hôpital Saint-Camille de Bry-sur-Marne (94), qui a mené une étude qualitative auprès de 16 Ifsi sur la gestion des EIG commis par les étudiants infirmiers au cours d'un stage. La gestionnaire de risque de l'établissement, Cyrille Lespagnol, co-auteur aux côtés de David Naudin, cadre formateur et doctorant au LEPS EA3412- Université Paris 13, est venue présenter les résultats lors du congrès de la Société française d'anesthésie et de réanimation (Sfar), fin septembre à Paris.
Les enquêteurs ont d'abord cherché à savoir quelles étaient, en général, les conséquences des erreurs commises par les étudiants. « Seules les plus graves sont signalées et elles peuvent conduire à l'exclusion du terrain de stage, indique Cyrille Lespagnol. Lorsqu'un comité de retour d'expérience (Crex) est organisé, c'est toujours à l'initiative du service. Il n'existe pas de procédure au sein des Ifsi pour gérer les EIG ; tout se fait au cas par cas. »
Autre constat : la communication entre services et Ifsi est quasiment inexistante et ces derniers intègrent peu les outils de gestion des risques dans leurs pratiques pédagogiques. Si bien que les étudiants en soins infirmiers ne sont jamais considérées comme les « secondes victimes » de l'erreur, notion que l'on peut définir comme « un soignant impliqué et traumatisé par un événement imprévu et défavorable pour un patient et/ou une erreur médicale dont il se sent souvent personnellement responsable et qui occasionne un sentiment d’échec et remet en question son expérience clinique et ses compétences fondamentales » (1).
La seule réaction est la sanction. « On génère un sentiment de faute chez l'étudiant, alors que l'erreur pourrait être source d'apprentissage », pointe Cyrille Lespagnol. Qui insiste sur la nécessité de retravailler le lien entre l'Ifsi et le terrain et d'instituer une vraie procédure de gestion des risques formalisée, afin de partager les responsabilités et de sécuriser les soins. « Il faut absolument une procédure qui analyse un système et non un individu. Il serait intéressant, par exemple, d'inviter un représentant de l'Ifsi au Crex. »
Hélène Colau
(1) « The natural history of recovery for the healthcare provider “second victim” after adverse patient events », BMJ Quality & Safety, 2009.