Quelque 800 infirmières de l'Éducation nationale ont défilé à Paris.
© Sandra Mignot
Les infirmières de l’Éducation nationale sont descendues dans la rue ce mercredi pour défendre leurs missions, mais le ministère fait la sourde oreille.
Quelque 800 infirmières de l’Éducation nationale ont battu le pavé jeudi 29 septembre entre la place de l’Odéon et le ministère pour défendre leurs missions, à l’initiative du Syndicat national des infirmières conseillères de santé (Snics-FSU). « Nous en avons marre, les infirmières se sont investies à fond dans les visites de dépistage des 12 ans, elles sont motivées pour l’accueil et l’écoute parce qu’elles pensent que c’est important pour les enfants, mais la visite médicale des 6 ans ne relève pas de notre compétence », résume Christian Allemand, secrétaire général du syndicat.
La colère couve depuis quelques mois. Alors qu’un arrêté daté du 5 novembre 2015 a précisément défini la périodicité des visites médicales et de dépistage, et la responsabilité de leur réalisation, les circulaires rectorales fleurissent, laissant entendre que les infirmières peuvent effectuer les visites de fin de grande section, début d’école primaire. « C’est le moment où peuvent être diagnostiquées les difficultés d’apprentissage, les problèmes de dyslexie, les troubles de la vision, etc., observe Patricia Françoise, membre du bureau du Snics. Nous ne sommes pas formées pour cela. » Des mobilisations ont déjà eu lieu dans les académies tout au long de l’année. « À présent, nous demandons au ministère d’exiger des rectorats le respect de la loi », ajoute Patricia Françoise.
Autre point d’achoppement entre la profession et son ministère de rattachement, la crainte de voir les infirmières de l’Éducation nationale sortir de leur statut pour devenir un « corps interministériel ». Une information issue de travaux d’évaluations mis en œuvre dans le cadre de la modernisation de l’action publique, et non encore rendus publics. « Si nous acceptons cela, nous pourrions être intégrées dans un nouveau corps incluant les directrices de crèches, les infirmières qui travaillent dans les collectivités territoriales et nous perdrions notre spécificité, expliquent trois infirmières rennaises, en poste à l’université. Et tout le travail en cours sur notre masterisation serait anéanti. »
La délégation Snics-FSU reçue au ministère de l’Éducation nationale en fin de parcours est ressortie vivement déçue. « La Direction générale de l’enseignement scolaire ne s’est pas engagée à intervenir auprès des rectorats, regrette Christian Allemand, le secrétaire général syndicat. Quant au passage des infirmières en interministériel, ils disent que c’est une mauvaise interprétation du rapport de notre part. » À l’aube de son conseil national, annoncé les 4,5 et 6 octobre prochains, le syndicat réfléchit déjà à sa prochaine manifestation.
Sandra Mignot