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MOUVEMENT UNITAIRE DU 8 NOVEMBRE
Unies, les infirmières seront dans la rue le 8 novembre prochain à l’appel de 16 syndicats et associations professionnelles, qui entendent crier leur ras-le-bol au Gouvernement et exprimer leur désarroi face aux conditions de travail, d'études et de rémunération. Du jamais vu depuis près de 30 ans.
Article mis à jour le 19/10
Le mouvement s’annonce d’ampleur. À l’appel de 16 syndicats et associations professionnelles et étudiantes (1), les infirmières seront dans la rue le 8 novembre à Paris mais aussi en régions, date à laquelle plusieurs syndicats de la fonction publique hospitalière (CGT, FO et Sud santé sociaux) ont également annoncé une journée d'action. Le mot d’ordre n’est pas la grève générale, mais ce n’est pas loin. Pour une fois, la majorité des organisations ont réussi à se mettre d’accord sur une plate-forme de revendications communes.
La profession demande la reconnaissance de la pénibilité par un départ anticipé à la retraite (avec une bonification d’un an tous les 10 ans), une revalorisation salariale conforme au niveau de responsabilité des professionnels infirmiers, un élargissement de l’exclusivité d’exercice des Iade et Ibode, une réactualisation du décret de compétences des IDE (inchangé depuis 2002), la détermination d’un ratio infirmiers/patient par spécialité, la création d’une spécialisation en santé mentale après une formation en master, la reconnaissance en master des formations d'Ibode, de puéricultrice et de cadre de santé ou encore le retrait de l’article 51 de la loi Bachelot HPST, qui encadre le transferts de compétence.
Quant au plan d’économie de 3,5 milliards d’euros prévu sur trois ans dans l’Objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) et qui devrait se traduire par le suppression de 16.000 lits et quelque 22.000 postes, les IDE n’en veulent pas. Pas plus qu’elles n’acceptent les 100.000 fermetures de lits programmés sur dix ans avec la mise en place des groupements hospitaliers de territoires (GHT).
Dans un communiqué diffusé le 17 octobre, les organisations déplorent également "l'encadrement déficient des étudiants". En libéral, elles dénoncent "la concurrence des structures de soins, parfois déloyale et non coordonnée avec les libéraux, une nomenclature obsolète et un refus de prendre en compte toutes les compétences infirmières".
« La coupe est pleine. Les contraintes budgétaires imposent un mode de fonctionnement qui entraîne une souffrance profonde chez les professionnels. On parle de dialogue social, mais il n’existe pas. C’est marche ou crève ! », tempête Bruno Huet, vice-président du Syndicat national des infirmiers anesthésistes (Snia). « Du côté des associations professionnelles, tout le monde sera là et ce n’est pas du tout habituel, même si on échange très souvent ensemble », se félicite Nathalie Depoire, présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI).
Et de préciser : « Cette mobilisation traduit un ras-le-bol de nos conditions d’exercice, mais aussi le mépris des tutelles. On a atteint la cote d’alerte. On ne se reconnaît plus du tout dans nos valeurs professionnelles, nous n’avons plus les moyens d’exercer. Et cette souffrance de ne plus pouvoir prendre soin des patients comme on le veut est intolérable. Nous sommes en souffrance, on ne sait plus comment le dire, comment le crier alors que des vies sont en jeu. Des vies de patients, des vies de soignants. »
Si 1988 est bien sûr dans tout les esprits, il serait prématuré de faire un parallèle entre les deux mouvements. Pour la CNI, toutes les conditions sont réunies. « D’ailleurs les revendications - conditions de travail, salaires et formations- sont les mêmes que celles qui ont déclenché 88 », constate la présidente. À bon entendeur…
Françoise Vlaemÿnck
1- Les syndicats infirmiers salariés CNI, SNPI, Snies, Snics et les syndicats libéraux Sniil, FNI, Convergence infirmière et Snipuerlib. Les organisations professionnelles Iade -Snia, Aneia, Ceeiade, Ibode -Unaibode, Aeeibo, et puéricultrice - ANPDE, la Fnesi pour les étudiants en soins infirmiers et l'association d'Idel Unidel.