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S'attendant à une baisse du quota de formation en soins infirmiers en 2017 dans un contexte de chômage, le conseil régional de Normandie a dévoilé ses perspectives d'adaptation de l'offre de formation.
Un Ifsi et 8 Ifas fermés, 122 places de formation infirmière en moins. Lors d'une conférence de presse lundi 24 octobre, le conseil régional a dressé le tableau de la rentrée 2017-2018 en Normandie. La région compte en effet adapter l'offre de formation sanitaire et sociale de la région, à laquelle elle consacre un budget annuel de 50millions d'euros (bourses incluses).
« Cela fait deux ans que l'État, via l'Agence régionale de santé, alerte sur la nécessité de revoir le quota infirmier à la baisse », explique David Margueritte, vice-président en charge de la formation et du développement, qui évoque la publication d'un arrêté au 1er semestre 2017 abaissant le quota régional à 1512 places. En cause : une hausse du chômage des infirmiers, estimée à +92% en six ans par le vice-président de la région. « Aujourd'hui, cela représente dans notre région environ 850 infirmiers et infirmières qui sont inscrits à Pôle emploi alors que 1634 diplômés sortent des écoles chaque année », développe-t-il. Et de souligner une détérioration de l'insertion professionnelle des jeunes diplômés, en butte aux contrats précaires et au temps partiel imposé. « Il est de notre responsabilité de ne pas former des infirmiers qui seront au chômage demain », lance David Margueritte.
La région a donc décidé de fermer l'un de ses 17 Ifsi. Après avoir évoqué Falaise, ce sont finalement les Ifsi de Vire et Flers, appartenant au même Groupement hospitalier de territoire (GHT), qui sont sur la sellette. Avec un avantage pour Flers. Alors que chaque commune compte actuellement un Ifsi et un Ifas, « dans une logique de regroupement par spécialité, l'objectif est que le pôle aide-soignant puisse être conforté à Vire et le pôle infirmier à Flers ».
Huit Ifas seront également fermés, même si le quota régional de 1162 places devrait être maintenu. « La Normandie se caractérise par une proportion d'implantation d'Ifas supérieure à la moyenne nationale avec des établissements qui ne forment parfois qu'une quinzaine d'élèves », précise le communiqué de presse.
Autre changement annoncé : la fin du système de double-rentrée pour un seul et même Ifsi. « Les rentrées seront réparties entre février pour une part des instituts et septembre pour l'autre part. » Terminant sur une note positive, la région a annoncé un investissement de 11 millions d'euros dans la restructuration de l'Ifsi de Cherbourg et « un effort comparable » dans la réhabilitation de l'Ifsi de Fécamp.
L'annonce des fermetures a suscité l'émoi en Normandie. « A aucun moment ils n'ont consulté les étudiants, les directeurs d'instituts, ni même les établissements hospitaliers », commente Alexandre Picard, vice-président de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi), en charge de la formation. Pour ce dernier, les statistiques régionales de Pôle emploi ne sont pas révélatrices de l'insertion des jeunes infirmiers diplômés, très mobiles sur le territoire national. « On a mené l'enquête auprès des diplômés de l'Ifsi de Falaise, qui était menacé : ils étaient à 100% d'employabilité », souligne Alexandre Picard. La Fnesi ne cesse de le marteler : « La régulation nationale du nombre de professionnels ne doit pas passer par les quotas régionaux. »
La fédération étudiante n'est, pour autant, pas fermée à la discussion sur l'adaptation de l'offre de formation sanitaire en Normandie. « L'accès aux services et au logement est difficile pour les étudiants des Ifsi situés dans des petites communes. Mais on ne peut pas parler à leur place et prendre une décision de façon arbitraire », insiste le vice-président, qui va se rapprocher des étudiants de Vire et Flers. Quant à l'argument GHT avancé par le conseil régional de Normandie, « il n'est pas innocent ».
Aveline Marques