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ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES AUX ÉTATS-UNIS
Il y a six ans, le président des États-Unis Barack Obama ouvrait l’accès aux soins à des millions d’Américains qui en étaient jusque-là privés. Une révolution qui concerne aussi les infirmières. Plus sollicitées, plus valorisées, la réforme est, pour elles, un défi et une opportunité.
« On a plus de travail qu’avant. Mais dans le bon sens du terme », explique Elissa Brown, infirmière spécialisée à Los Angeles, et membre de l’American Nurses Association (ANA). Avec l’Affordable Care Act (ACA), improprement appelé dans notre pays « Obamacare », instauré en 2010, le travail des infirmières américaines, toutes spécialités confondues, est entré dans une nouvelle ère. « Nous avons beaucoup, beaucoup plus de patients qu’auparavant », reconnait Elizabeth Dietz, présidente de l’ANA en Californie. « De nombreuses personnes peuvent désormais consulter à l’hôpital, ou voir des médecins et des infirmières praticiennes. C’est une réforme essentielle et juste, que nous attendions depuis des décennies », poursuit-elle. En mars 2016, ce sont près de 20 millions d’Américains qui avaient accès à une couverture santé grâce à la réforme historique de Barack Obama.
Le personnel de soin américain a dû « encaisser » ce gigantesque afflux de patient. Des patients, qui plus est, à l’historique médical souvent complexe. « Ces personnes qui ont fini par entrer dans le système de soin sont souvent atteintes de maladies chroniques, résultats d’années de négligence de leur état de santé, faute de moyens », constate Elizabeth Dietz. Les infirmières ont été en première ligne pour prendre en charge ces nouveaux malades.
« Parallèlement à la mise en œuvre de l’ACA, le nombre de médecins généralistes a baissé. Les infirmières ont dû assurer la continuité des soins. Le besoin s’est fait sentir partout : dans les soins ambulatoires, en gériatrie, en pédiatrie, en psychiatrie, en addictologie… », précise-t-elle.
Toutes les infirmières ont été concernées, mais les Advanced Practice Registered Nurses (APRN), l’ont été tout particulièrement. Piliers du système de soin américain, hautement diplômées, ces infirmières de pratique avancée sont habilitées, dans certains États, à diagnostiquer et à prescrire examens et médicaments. « Elles ont été mises à contribution, surtout en zone rurale où les médecins sont les plus rares », précise Elizabeth Dietz.
La réforme de santé n’a pas oublié les infirmières : les autorités américaines ont consacré, dans le plan, 71,3millions de dollars au renforcement de leurs effectifs. Des créations de postes ont eu lieu et vont se poursuivre: le nombre d’infirmières devrait croître de 16% entre 2014 et 2024, beaucoup plus rapidement que la moyenne des autres professions.
Et en plus de permettre des embauches, les moyens déployés soutiennent des programmes de formations pour les APRN, comme pour les autres infirmières. Si Elissa Brown admet que « là où les créations de poste ont été insuffisantes, la charge de travail s’est alourdie », elle considère avant tout ces évolutions comme une véritable opportunité pour ses consœurs et elle. « Les infirmières ont été encouragées à participer davantage à la politique de soins de santé et aux prises de décisions. Elles sont plus que jamais amenées à peser dans l’éducation thérapeutique, la coordination des soins, la prévention, et bien plus encore. » L’ « Obamacare », une chance pour les patients, comme pour les soignants.