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MALAISE INFIRMIER
Associations, organisations et syndicats infirmiers appellent à la grève le 8 novembre pour dénoncer les conditions de travail et une profession à bout de souffle. Le Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec) partage une partie des constats et plaide pour de meilleures conditions d’apprentissage des étudiants.
Attention, la sémantique a toute son importance. Il n’est pas question pour le Cefiec (Comité d’entente des formations infirmières et cadres) de soutenir le préavis de grève déposé pour le 8 novembre, car en tant qu’association de structures de formation, il ne peut appeler les instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) à suivre le mouvement. En revanche, il partage certains constats dressés par les manifestants et souhaite principalement « attirer l’attention sur les conditions d’apprentissage et d’encadrement que connaissent nos étudiants actuellement en stage », rapporte Catherine Tirand-Martin, vice-présidente chargée des affaires générales au Cefiec. Sur le terrain, les étudiants infirmiers ont besoin de professionnels « ayant le temps, la disponibilité d’esprit et la formation nécessaire pour les accompagner dans cette intégration de leurs savoirs et leur professionnalisation », soutient le comité. Or, « six ans après l’entrée en vigueur du nouveau référentiel, nous constatons que la mise en œuvre du tutorat est inégale sur l’ensemble du territoire », fait savoir Catherine Tirand-Martin. En cause, les conséquences des réorganisations et restructurations des établissements sur les conditions de travail des infirmiers. « Il y a une telle activité dans les services avec parfois une diminution du nombre de postes et un tel turn-over qu’il est difficile pour les infirmiers de dégager du temps pour faire du tutorat, constate la vice-présidente. Ils prennent parfois sur leur temps personnel ou des heures supplémentaires, ce qui n’est pas forcément reconnu. » Le Cefiec dénonce un temps de formation qui n’est qu’exceptionnellement pris en compte dans les réorganisations hospitalières qui, en entraînant une augmentation de l’activité dans les services et parfois une diminution du nombre de postes, conduisent à une diminution du nombre de places de stage. Et souhaite ainsi une valorisation du temps dédié au tutorat par les professionnels.
Le Cefiec alerte également les pouvoirs publics sur la baisse d’attractivité du métier qui se traduit par une diminution du nombre de candidats inscrits aux épreuves du concours d’entrée en formation, et des réorientations car les étudiants refusent « de travailler dans de telles conditions ». Et si lors de la Grande conférence de santé du 11 février, le Premier ministre avait fait naître « des espoirs quant à de possibles évolutions des métiers de la santé », à ce jour, « les principaux acteurs de la profession infirmière sont toujours exclus voire ignorés des réunions de travail portant sur l’avenir de la profession », dénonce le Cefiec.
Pour le Comité, le développement de la recherche en soins infirmiers et la création d'écoles doctorales en sciences de la santé avec mention sciences infirmières permettraient de répondre aux évolutions indispensables pour le système de santé et de valoriser les compétences infirmières. « Si on doit aller vers l’universitarisation, il faut que les cadres aient un niveau master et s’inscrivent dans une filière doctorale, ajoute Catherine Tirand-Martin. Mais quelle est la place du budget dédié à la formation continue ? »
Laure Martin