18/11/2016

PRESCRIPTION

Les antibiotiques, toujours pas automatiques !

18 novembre, journée européenne de sensibilisation au bon usage des antibiotiques. Une date clé choisie par les trois agences de santé publique pour présenter les chiffres de la consommation des antibiotiques en santé humaine et animale, et appeler à une mobilisation pour lutter contre l’antibiorésistance.

Première cause de mortalité en 1940, les maladies infectieuses sont aujourd’hui responsables de 2 % des causes de décès en France, et ce grâce aux antibiotiques. « Cependant, l’utilisation massive et répétée d’antibiotiques en santé humaine et animale génère au fil du temps une augmentation des résistances bactériennes », rappellent les trois agences de santé publique1 dans leur étude « Consommation d’antibiotiques et résistance aux antibiotiques en France : nécessité d’une mobilisation déterminée et durable ». Des impasses thérapeutiques de plus en plus fréquentes sont donc à craindre. Ainsi, une étude conduite en 2015 par Santé Publique France a estimé le poids des infections à bactéries multirésistantes en France à 158 000 infections et 12 000 décès.

Les Français au 3e rang des consommateurs

Les Français sont les champions de la consommation d’antibiotiques en Europe : en 2014, ils occupent la 3e place en secteur de ville, derrière la Grèce et la Roumanie. En 2015, il s'est vendu 786 tonnes d’antibiotiques destinés à la santé humaine. Et plus de 90 % sont consommés en médecine de ville (29,9 doses pour 1 000 habitants et par jour), la moyenne européenne est de 22 doses. Sur 10 ans, la consommation d’antibiotiques en ville a augmenté mais en 2015, elle se situe à un niveau inférieur à celui observé au début des années 2000. Les pénicillines affichent la plus forte hausse, avec 30.6 % sur 10 ans (2005-2015).

Le bilan révèle d’autre part que la consommation en établissement de santé est restée plutôt stable (7 %) en 10 ans  : 2,4 doses pour 1 000 habitants et par jour en 2005 contre 2,2 doses en 2015. Un chiffre qui prend en compte toutes les situations d’utilisation : hospitalisation complète, hospitalisation de jour et rétrocession. Si en 2015, la consommation est de 383 doses pour 1000 journées d’hospitalisation, elle varie selon la « spécialité d’hospitalisation du patient », étant « 2 à 3 fois plus élevée dans les services de maladies infectieuses et en réanimation qu’en médecine ou chirurgie. » Les céphalosporines de 3e et 4e générations enregistrent la plus forte hausse en établissement de santé, soit 9.8 %.

      


Une consommation qui a pour conséquence le développement de résistances : de 1 % à 4 % pour la résistance aux céphalosporines de 3e génération en ville, de 1.4 % à 11.9 % en établissement de santé pour celle à l’Escherichia coli. Mais des baisses sont constatées : en ville, la résistance aux macrolides chez le pneumocoque est passée de 39 % à 22 %, et en établissement de santé, celle à la méticilline chez le Staphylococcus aureus, de 27 % à 16 %.

Des pistes de progrès

Résultant de la Task force conduite en 2015 pour la préservation des antibiotiques et du Programme national de prévention des infections associées aux soins (Propias), un plan d’alerte et un rapport « Tous ensemble, sauvons les antibiotiques » suggèrent des pistes de progrès : par exemple, « rationaliser les durées de traitement en arrêtant les antibiotiques quand ils ne sont plus nécessaires ou modifier les traitements pour mieux les adapter au type d’infection et à la bactérie dès qu’elle est identifiée. »

Texte : Laure Martin

Note
1. Santé Publique France, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), et l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES).


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