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JUSTICE
Une infirmière et une étudiante en soins infirmiers ont été condamnées, le 5 décembre, par le tribunal correctionnel de Bordeaux, à six mois de prison avec sursis pour homicide involontaire après le décès d’un patient.
Les faits remontent au 10 septembre 2014. Un sexagénaire, qui venait d’être admis au service de soins palliatifs de l’hôpital Bergonié, centre régional de lutte contre le cancer à Bordeaux, est décédé après l’injection, par une étudiante en soins infirmiers, d’une dose de chlorure de potassium destinée au patient de la chambre voisine, au lieu de corticoïdes pour traiter la douleur. L’étudiante stagiaire, âgée de 36 ans à l'époque des faits et en reconversion professionnelle, ainsi que l’infirmière référente, alors âgée de 22 ans, ont été entendues le 24 novembre par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour homicide involontaire.
Erreur médicale
L’instance a suivi les réquisitions du ministère public en déclarant les deux soignantes coupables. Elles encouraient jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. La présidente du tribunal a estimé que l’étudiante avait été « particulièrement négligente » en prenant la seringue et en l’injectant. La condamnation ne sera, en revanche, pas inscrite au casier judiciaire de l’infirmière qui l’encadrait. Quant à l’Institut Bergonié, il a été relaxé car il y a eu « rupture dans la chaîne d’administration du produit » par les deux soignantes alors que le protocole d’utilisation du chlorure de potassium doit se faire sans rupture.
Deux seringues, non étiquetées contrairement aux emballages, se trouvaient à disposition de l’étudiante qui les a confondues. L’infirmière en poste, occupée à enregistrer la prescription du patient dans l'ordinateur, n’a pas vérifié la seringue avant son administration. Or, le chlorure de potassium est létal lorsqu’il n’est pas dilué. L’étudiante s’est immédiatement rendu compte de son erreur puisque le patient a rapidement démontré des difficultés respiratoires avant de perdre connaissance. S’en est suivi un arrêt cardiaque et son décès. Les deux prévenues avaient reconnu les faits qui s'étaient produits en présence des membres de la famille du patient.
Laure Martin