25/11/2016

PRIMAIRES

Entre Fillon et Juppé, la « divergence » sur la santé

Pour une fois, des candidats potentiels à l’élection présidentielle ont parlé santé. François Fillon souhaite que la sécurité sociale prenne moins en charge les dépenses de santé, Alain Juppé a, lui, voulu marquer sa « divergence assez profonde » avec son concurrent sur l’avenir de l’Assurance maladie.

La santé, l’éternelle oubliée ? Une fois n’est pas coutume, la santé est entrée dans la campagne électorale. Preuve que les enjeux sont importants, ce fut l’un des moments les plus saillants du débat télévisé du 20 novembre, en vue du 2e tour de la primaire de la droite. D’un côté, Alain Juppé qui a voulu marquer sa « divergence assez profonde » avec son concurrent sur l’avenir de l’Assurance maladie : « Moi, je ne toucherai pas au taux de remboursement dont bénéficient aujourd’hui les Français ». De l’autre, François Fillon qui s’en est agacé : « Alors oui, je propose que la Sécurité sociale se concentre sur les risques principaux. Alors tout de suite, la caricature ! ».

Nulle caricature pourtant. François Fillon présente un programme qu’il qualifie de « rupture » notamment en matière de santé. Pour mettre fin aux déficits de l’Assurance maladie, il propose de transférer une partie de ses dépenses vers les complémentaires santé. L’Assurance maladie se verrait ainsi recentrée « sur les affections graves ou de longue durée, le panier de soins solidaire », et les complémentaires sur « le reste, le panier de soins individuel ». La définition de ces « paniers de soins » ferait l’objet de « négociations ». Il ne chiffre pas ce transfert, mais celui-ci pourrait se traduire par un renchérissement des primes des complémentaires.

Suivant la même logique, et pour responsabiliser les patients, tous devraient payer « une franchise médicale universelle, en fonction des revenus dans les limites d’un seuil et d’un plafond », remboursée par les complémentaires. Petite concession sociale : « Les moins favorisés ne pouvant accéder à l’assurance privée bénéficieront d’un régime spécial de couverture accrue. » L’hôpital est aussi dans le viseur du candidat, qui prévoit de revenir aux 39 heures… sans aucune précision sur des contreparties financières. Et s’il est resté flou sur les catégories professionnelles visées par sa promesse de suppression de 500 000 postes de fonctionnaires, il a bien précisé qu’elle concernerait « les trois fonctions publiques », donc la fonction publique hospitalière. Les médecins libéraux sont au contraire choyés : François Fillon leur promet une « juste rémunération », la suppression du tiers payant généralisé, de nouvelles aides à l’installation en zone sous-dotée, etc.

Pour ce qui est de la médecine libérale, le programme d’Alain Juppé est un copié-collé. Pour le reste, il présente un programme de droite plus traditionnel, qui respecte les équilibres actuels. Pas de recul donc de la couverture par l’Assurance maladie, mais un accent sur la lutte contre la fraude et des économies en matière de gestion de la sécurité sociale ou des complémentaires. Il veut aussi « être plus exigeant » sur « les critères médicaux des remboursements ». Par exemple, lui aurait choisi de dérembourser les médicaments anti-Alzheimer, jugés inefficaces par la Haute Autorité de santé. A l’hôpital, il veut aussi revenir sur les 35 heures, mais au cours du débat télévisé, il s’est engagé sur des contreparties financières. Il compte poursuivre la réforme de l’hôpital entreprise par Marisol Touraine, notamment en continuant le développement de la chirurgie ambulatoire.

Caroline Coq-Chodorge

Les dernières réactions

  • 25/11/2016 à 18:22
    blaise
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    Rien de bien enthousiasmant...
    Ceci dit, l'élection présidentielle est dans 5 mois, et bien des choses peuvent se passer d'ici là...
    La personne qui sera élue ne sera pas forcément celle qui gagnera la primaire de la droite et du centre.
    Une chose est
  • 26/11/2016 à 06:57
    solange granier
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    Choisir entre la peste et le choléra ?
  • 26/11/2016 à 11:10
    blaise
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    Ou savoir qui des 2 pourrait le mieux dépecer la fonction publique...
    Mais, par exemple, de supprimer le Sénat qui ne sert à rien ou d'éclaircir grandement les bancs de l'Assemblée Nationale, il ne faut surtout pas l'envisager...
  • 28/11/2016 à 18:05
    blaise
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    Maintenant ils ne vont plus diverger, ils sont redevenus très bons amis.

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