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CODE DE DÉONTOLOGIE
La parution du code de déontologie infirmier, fin novembre, a semé le doute sur la Toile. La formulation d’un article laisse supposer qu’il ne serait plus possible de « tweeter » sous pseudonyme en faisant mention de sa profession. Une annonce qui semble (déjà) avoir pris un coup dans l'aile.
À peine paru au Journal officiel, le code de déontologie a fait réagir au quart de tour les infirmiers familiers du réseau social Twitter. Ces derniers se sont, en effet, sentis visés par une disposition qui prévoit, outre l’interdiction classique d’exercer son métier sous pseudonyme, l'interdiction « pour un professionnel agissant à titre privé sous couvert d’un pseudonyme, et quel que soit le moyen de communication utilisé, d’arguer de sa qualité de professionnel sans dévoiler son identité ». Pas très clair… Faut-il en déduire que l’on ne peut plus tweeter sous pseudonyme et mettre sa profession dans sa bio ? « Moi j’ai mis : ma profession est celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom », répond avec humour Sandra qui gazouille sous le pseudo @PasQuUneMaman. « Cet alinéa est tellement flou et mal écrit que toute interprétation est possible », estime @Omerprazole qui se présente désormais comme « #Biiip remplaçant itinérant ».
Même pour les professionnels du droit, la disposition n’est pas claire. Caroline Lantero, avocate en droit de la santé, a fait part de sa perplexité sur son compte. « On ne comprend pas d’où vient cette disposition qui n’a aucun sens, explique-t-elle. Pourquoi les infirmiers seraient les seuls professionnels qui ne pourraient pas s’exprimer en tant que tel sur les réseaux sociaux sous pseudonyme ? Cela ressemble à un excès de zèle .» Pour l’instant, dans la communauté infirmière sur Twitter, on attend de voir.
Une disposition loin d'être à jour
Nous avons réalisé un sondage sur Twitter. Et il en ressort que 75 % des infirmiers interrogés continueront à utiliser le réseau comme avant, mais 15 % d’entre eux supprimeront la mention de la profession dans leur bio. La précaution va cependant s’avérer inutile, selon Karim Mameri, secrétaire général de l’Ordre national des infirmiers, qui rappelle que le texte avait été rédigé en 2009, quand les réseaux sociaux étaient encore balbutiants, et que c’est le ministère qui avait, depuis, bloqué sa parution. « Il n’est absolument pas question d’interdire aux infirmiers de tweeter avec ou sans pseudonyme, bien au contraire ! » rassure-t-il fermement. Pratiquant assidu avec son compte @karim_mameri, il reconnaît cependant que la formulation très juridique de la disposition n’était pas forcément compréhensible à la première lecture et qu’elle n’a pas été réécrite depuis la version de 2009.
L’interdiction du "pseudonymat" ne vise donc pas les professionnels qui s’expriment sur les réseaux sociaux, mais bien ceux qui veulent se prévaloir, sur le web, de leur titre d’infirmier en vue d’une activité commerciale, comme proposer des cours aux étudiants qui préparent les concours des Ifsi.
Le code de déontologie sera envoyé dans les prochaines semaines par courrier aux infirmiers inscrits au tableau de l’Ordre et des réunions d’explication de texte seront organisées dans les départements sur l’ensemble des articles. Une version éditée du code est déjà disponible sur le site de l’ONI.
Véronique Hunsinger