23/12/2016

SANTÉ

Gare aux « gourous thérapeutiques »

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) vient de rendre public son rapport d’activité pour 2015. La santé et le bien-être sont encore en tête des signalements avec 39 % des messages reçus.

Rien de surprenant que la santé fasse l’objet d’un grand nombre de signalements à la Miviludes. Généralement affaibli, le patient est la cible privilégiée des « gourous thérapeutiques » qui promettent monts et merveilles et surtout guérison avec « des méthodes miracles », bien éloignées des traitements conventionnels. C’est souvent le début de l’endoctrinement. Attention toutefois à ne pas généraliser les comportements : un soignant peut faire appel à une thérapeutique non éprouvée, complémentaire ou alternative, mais qui ne comporte pas de danger en soi.

Cibles privilégiées

La Mission rappelle que les personnes atteintes d’une maladie grave restent les principales cibles des mouvements sectaires. C’est le cas avec les patients souffrant d'un cancer, dont « la charge émotive est très importante ». Le dernier exemple en date : celui d’une congrégation pseudo-religieuse installée dans l’ouest de la France qui prétend soigner le cancer par la prière et recommande à ses adeptes l’abandon de tout traitement conventionnel.

La Miviludes met également en garde contre l’ensemble des mouvances sectaires qui « surfent sur la vague du retour à la nature et la quête de ce bien-être que notre société semble avoir perdu ». L’hypnose, l'énergiologie, le reiki ou le magnétisme sont quelques-uns des domaines au sein desquels les charlatans aiment à sévir. La psychiatrie est, quant à elle, l’une des cibles privilégiées de l’Église de scientologie. Dans ce domaine, les directeurs d’établissements publics sont d’ailleurs régulièrement sollicités par certaines organisations.

Enfin, la Miviludes dénonce les tentatives d’infiltration des pratiques non conventionnelles au sein de notre système de santé. « Dans la majorité des cas, ces soins sont prodigués en complément des traitements conventionnels, mais il n’est pas rare que des pratiques non évaluées fassent leur entrée au sein de l’hôpital et soient même utilisées comme soins de support dans la prise en charge du cancer. » La Mission a, par exemple, été alertée sur la « résonance énergétique par simulation » inventée par un masseur-kinésithérapeute. Cette technique, bien que non éprouvée et non reconnu par l’Ordre professionnel, est utilisée par des établissements hospitaliers du Sud-Est de la France.

Procédures judiciaires

De nombreuses décisions de justice à l’encontre de pseudo-thérapeutes rappellent que l’on ne peut pas impunément mettre en jeu la santé des personnes. L’une des dernières en date a été prononcée par le tribunal correctionnel de Montpellier en novembre 2015 à l’encontre du Dr Claude Sabbah, inventeur de la « biologie totale des êtres vivants » (BETV). Il a été condamné à deux ans de prison ferme et 30 000 euros d’amende pour publicité mensongère à la suite de la plainte déposée par l’épouse d’un malade souffrant d’un cancer de la prostate décédé dans de grandes souffrances.

De même que les procédures judiciaires concernant l’Église de scientologie ou certains de ses dirigeants sont nombreuses depuis la première condamnation, en 1978, par défaut, de son fondateur Lafayette Ron Hubbard, à quatre ans de prison pour escroquerie.

Laure Martin

Les dernières réactions

  • 27/12/2016 à 06:20
    blaise
    alerter
    Pouvoir et argent.

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