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À 62 ans, Hélène, infirmière libérale, se prépare pour sa deuxième nuit devant la Caisse primaire d’Assurance maladie de Bordeaux. Un signe fort de protestation contre la saisie de ses remboursements.
Infirmière libérale depuis plus de 25 ans, Hélène, 62 ans, dort depuis mardi soir (17 janvier) devant les locaux de la CPAM de Bordeaux pour protester contre une saisie de ses remboursements. L’infirmière a été condamnée, il y a quelques mois, à une amende de 54 000 euros de la Caisse primaire d’Assurance maladie pour des indus et, faute d'argent, elle ne peut se pourvoir devant la Cour européenne de justice pour contester ce jugement. La CPAM de Bordeaux exige le remboursement de sa dette en deux ans, ce qu'Hélène ne peut assumer. L’infirmière a demandé à négocier un délai pour le remboursement mais celui-ci lui a été refusé. De plus, pour accentuer la pression, la Caisse a effectué un prélèvement de 5 200 euros sur le remboursement mensuel dû à l’Idel, soit la totalité du remboursement qu’elle a reçu pour les soins effectués auprès de ses patients. En effet, le « prélèvement sur flux » est un recours légal dont dispose la CPAM pour récupérer une dette mais il ne peut se faire sans l'accord du professionnel de santé, et pose question quand il prive le soignant de tout revenu.
Si l’infirmière libérale ne peut toucher l’argent de ses visites, elle sera forcée de « vendre sa maison et donc se retrouver à la rue ». C'est pourquoi, elle a décidé de dormir depuis mardi soir dans la rue, devant les locaux de la CPAM – de la fin de sa tournée, vers 22 heures jusqu’à 5 h 30, pour reprendre ses visites – et ce, jusqu'à ce que la Caisse accepte de négocier les termes de son remboursement.
Jeudi après-midi, soit, le 19 janvier, la CPAM de Bordeaux lui a proposé un rendez-vous en présence d’un conseil du choix d’Hélène à l’exclusion de son avocat (maître Gata). « Physiquement, psychologiquement, émotionnellement pas en état pour analyser toutes propositions avec la CPAM sans l’aide juridique de [s]on avocat » Hélène a décliné cette offre. Elle va donc reprendre son action dès le 23 janvier si d’ici là, sa dette n’est pas renégociée sur une durée acceptable. Une histoire qui a touché tous les infirmiers libéraux et illustre les relations extrêmement dures qu'entretient la Cpam avec eux.
Olivier Blanchard
PS : Retrouvez l'essentiel de l'histoire d'Hélène, abordée dans un précédent numéro de L'Infirmière libérale magazine.