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Malgré son rejet à l’unanimité par le Haut conseil des professions paramédicales (HCPP), l’ordonnance relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles dans le domaine de la santé, qui introduit la notion d’accès partiel à la profession, a été publiée le 20 janvier au Journal officiel.
Cette ordonnance transpose une directive européenne visant à faciliter la mobilité des professionnels dans l’Union européenne. Elle dispose que chaque État membre « accorde un accès partiel au cas par cas à une activité professionnelle » réglementée sur son territoire sous certaines conditions. L’accès partiel peut être accordé au cas par cas uniquement si trois conditions sont remplies. Tout d’abord, le professionnel doit être « pleinement qualifié » pour exercer, dans l’État d’origine, l’activité professionnelle pour laquelle il sollicite un accès en France. Ensuite, l’activité professionnelle « légalement exercée » dans l’État d’origine et la profession correspondante en France doivent être si différentes que l’application de mesures de compensation reviendrait à imposer au demandeur de suivre le programme complet d’enseignement et de formation requis pour avoir pleinement accès à la profession en France. Enfin, l’activité professionnelle pour laquelle l’intéressée sollicite un accès « peut objectivement être séparée d’autres activités relevant de la profession en France ».
Si le professionnel demandeur se voit autorisé l’accès partiel, certes il dispose des mêmes droits que les professionnels français, mais il est également soumis aux mêmes obligations et responsabilités civiles, disciplinaires et pénales. Il doit également informer les patients des actes qu’il est habilité à effectuer.
Qualité des soins
Outre le HCPP, « les associations, syndicats et ordres de toutes les professions de santé ont dénoncé cette directive, rapporte Thierry Amouroux, secrétaire général du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI). Nous avons des craintes pour la qualité des soins et le contrôle des professionnels. Avec cette directive, une nurse assistant hongroise, qui est en fait une auxiliaire de vie en France, va pouvoir devenir une infirmière-assistante en France. »
La transposition dans le droit français de cette directive est une « provocation » du gouvernement pour le syndicaliste, car « lorsqu’il a fallu transposer la directive LMD et la reconnaissance pour la profession infirmière, la France a été le 24e pays à la transposer. Et cette fois-ci, pour l’accès partiel, nous serions le 3e. Il y a vraiment deux poids deux mesures... » Selon le secrétaire général du SNPI, qui sera d’ailleurs présent le 24 janvier pour la journée de mobilisation infirmière, l’ensemble des Ordres des professionnels de santé entendent faire un recours devant le Conseil d’État.
Laure Martin