© Judith Boisriveau
#SOIGNEETTAISTOI
À l’appel des organisations syndicales et associatives, une nouvelle mobilisation a eu lieu aujourd’hui 24 janvier sur le parvis de la gare Montparnasse, à Paris. Mais si la foule était au rendez-vous le 8 novembre, la manifestation infirmière de ce début d’année n’a pas été synonyme de rassemblement.
« 5 millions de soignants, ça compte. Ça compte pour être président, ça compte énormément. » Ibode, Iade, puéricultrices, infirmières libérales, infirmières des secteurs publics et privé à but non lucratif, représentants de l’UNEF (les étudiants en soins infirmiers ayant été convoqués pour leurs partiels), voire des aides-soignants ont défilé entre le parvis de la gare Montparnasse et le ministère de la Santé aujourd’hui 24 janvier. Si l’affluence n’était pas celle du grand soir – avec quelque 250 manifestants –, la colère est pourtant grande. « Les conditions de travail difficiles nous réunissent », explique Ingrid, infirmière libérale à Avignon. « Les salaires ne bougent pas depuis des années », déplore Jocelyne qui travaille dans le secteur privé à but non lucratif. Une collègue explique, elle, que seule la moitié des heures supplémentaires sont payées dans son établissement de la région parisienne. Les Ibode attendent toujours leur master…
Au ministère de la Santé, les organisateurs avaient rendez-vous avec des membres du cabinet de Marisol Touraine, notamment Nicolas Péju, directeur adjoint de cabinet, Anne-Marie Armanteras de Saxcé, directrice générale de l’offre de soins, Christine Gardel, conseillère, Mathias Albertone, sous-directeur des ressources humaines du système de santé à la DGOS, et Aurélien Mollard, conseiller en charge des établissements sanitaires et médico-sociaux. « Mais toujours pas de ministre, a souligné Nathalie Depoire, présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI). Nous le ressentons comme un vrai mépris. »
Réquisitionnés en surnombre
Le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) a observé des atteintes à la grève au sein des établissements. « Le préavis de grève national n’a pas été répercuté sur les établissements, a remarqué Thierry Amouroux, son secrétaire général. Du coup, les infirmiers ne pouvaient pas émarger sur les listes des grévistes. » Difficile dans ces conditions de préciser le nombre de participants au mouvement de grogne. Thierry Amouroux a également rapporté que là où le préavis avait été communiqué, des soignants avaient été réquisitionnés en surnombre : « Dans des services où trois infirmières sont habituellement en service, on en a parfois réquisitionné trois, ce qui est totalement abusif. »
À la sortie de l’entretien au cabinet de la ministre des Affaires sociales et de la Santé, les représentants des organisations infirmières sont loin d’être satisfaits. « À nos demandes concernant un moratoire sur les plans d’économie, sur la reconnaissance de la pénibilité de la profession avec une bonification d’un an tous les dix ans et sur le retrait de l’ordonnance d’accès partiel, c’est une fin de non-recevoir », note Thierry Amouroux. En revanche, François Hollande doit intervenir jeudi 26 janvier concernant les engagements pris par le gouvernement en matière de formation lors de la conférence nationale de santé, en février 2016. « Enfin, deux rounds de réunions ont été annoncés pour négocier sur les primes de nuit et travailler à l’actualisation du décret d’actes notamment en ce qui concerne la vaccination. »
Sandra Mignot