31/01/2017

Attentats : n'oublions pas les soignants !

Une instruction du ministère de la Santé, publiée le 6 janvier, précise l’organisation de la prise en charge de l’urgence médico-psychologique en cas de catastrophes ou d’accidents, et son application aux professionnels de santé. « Un progrès », estime Jean-Philippe Raynaud, chef du service psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent au CHU de Toulouse.

En mars 2012, lors des attentas commis par Mohamed Merah à Toulouse, « nous nous sommes principalement concentrés sur la prise en charge des victimes et de leurs familles, explique le Pr Raynaud, psychiatre et chef de service au CHU de Toulouse. Nous n’avons pas bien mesuré le choc pour l’équipe soignante qui s’est occupée des blessés et des victimes dont certaines étaient de très jeunes enfants. Quelques mois plus tard, en discutant avec les soignants du service pédiatrique, ils nous ont dit que nous n’avions pas été assez présents. Deux jeunes infirmières ont été particulièrement affectées de voir des enfants décédés arriver à l’hôpital. »

Depuis, l’accompagnement des soignants a été renforcé avec une orientation vers les médecins du travail et la mise à disposition des équipes médico-psychiatriques. D’ailleurs, la nouvelle instruction du ministère redéfinit le rôle des cellules d’urgence médico-psychologique (CUMP) qui doivent désormais participer à la prise en charge des personnels et professionnels de santé participant au dispositif, à l’issue de leur mission. Cette prise en charge est organisée par les référents de chaque CUMP impliquée et doit, dans la mesure du possible, être assurée par des personnels qui n’ont pas été directement impliquées dans l’événement.

Le rôle des cadres

« Généralement, lors d’un attentat, il y a une grande mobilisation des équipes de psychiatrie pour les patients. De fait, le soutien immédiat des soignants existe également, souligne le Pr Raynaud. Les échanges et debriefs sont nombreux. » Et de poursuivre : « En revanche, une fois que l’équipe de psychiatrie se replie, ce n’est plus le cas, et c’est à ce moment-là que les cadres de santé doivent être très présents et disponibles. Ils se doivent de connaître leur personnel, d’être attentifs aux plus jeunes et à ceux qui ont vécu des traumatismes. » Il faut alors, selon lui, donner la possibilité aux soignants de s’exprimer en favorisant les temps d’écoute, formels et informels, immédiatement après les événements mais aussi plusieurs semaines plus tard, de manière individuelle et collective. L’instruction, qui prévoit également la formation initiale et continue des personnels et professionnels de santé de l’urgence médico-psychologique, « est un progrès si elle est suivie d’effets et si des moyens sont alloués », conclut le psychiatre.

Laure Martin

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  • 09/02/2017 à 23:57
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