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Un infirmier exerçant à l’hôpital européen Georges Pompidou s’est défenestré du 8e étage dans la nuit de dimanche à lundi (6 février). Le professionnel, un père de famille d’une quarantaine d’années, travaillait dans l'équipe de suppléance. Un geste qui remet en lumière la dégradation des conditions de travail en milieu de soin.
Un infirmier d'une quarantaine d'années s’est jeté du 8e étage de l’hôpital européen Georges Pompidou (HEGP), à Paris, dans la nuit de dimanche à lundi. S'il n’était pas de service ce soir-là, a indiqué un communiqué de l'AP-HP, il avait cependant revêtu sa tenue. Une enquête a été diligentée par la direction de l’HEGP et la cellule d’analyse des suicides de l’AP-HP est saisie. D’après Le Parisien, « un conflit familial » serait à l’origine de son geste, et il aurait appelé son épouse avant de commettre l’irréparable. Depuis, une cellule d'écoute et d'accompagnement a été mise en place pour les agents qui en ressentent le besoin. « En interne, ceux qui le souhaitent peuvent également contacter le 3371 afin d’obtenir une écoute et un soutien face à cet évènement dramatique », précise Apollinaire Bonnereau, représentant Sud Santé au Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de l’établissement parisien.
Le CHSCT de l’HEGP s’est réuni en session extraordinaire en fin de matinée, en présence de Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, et Gérard Cotellon, directeur des ressources humaines. « Nous avons demandé la mise en place d’une nouvelle enquête qui devra être réalisée par un prestataire extérieur, explique le représentant syndical. En moins de deux ans, nous en sommes à trois enquêtes et nous ne voudrions pas que celle-ci soit bâclée faute de temps ou d’énergie de notre part. »
En effet, le CHSCT a déjà enquêté suite au suicide par défenestration du Pr Jean-Louis Mégnien en décembre 2015, puis sur la situation du bloc opératoire, où se multiplient les cas de burn-out. Une troisième enquête doit être lancée cette semaine sur les effectifs. « La situation est très difficile, souligne Apolinaire Bonnereau. Il y a des années que l’on travaille sur l’organisation, la réorganisation, sans jamais évaluer les conséquences de toutes ces mesures sur les personnels et leur charge de travail. » Les syndicats ont également demandé que le décès soit reconnu comme accident du travail « parce que cela s’est passé ici, même si ce professionnel n’était pas en service », poursuit l’élu.
Apolinaire Bonnereau tient également à rendre hommage au soignant. « Ses collègues sont effondrés, ils ont tenu à nous dire que c’était un homme en or, quelqu’un d’extraordinaire sur le plan humain. » Rappelons qu’en 2016, en France, cinq suicides d’infirmiers ont déjà été rapportés.
Sandra Mignot