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Treize résidents de l’Ehpad Korian Berthelot, à Lyon, sont décédés entre le 26 décembre 2016 et le 5 janvier 2017. Saisie par le ministère de la Santé, l’Inspection générale des affaires sociales a publié un rapport qui met en cause la faible vaccination des résidents et du personnel.
13 des 102 résidents de l'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes lyonnais Korian Berthelot présents au début de l’épisode épidémique sont décédés en onze jours, relèvent Alain Meunier et le Dr Alain Lopez, auteurs de ce rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), « en vue de contrôler les pratiques pour la prévention et la gestion de cette épidémie au sein de cet établissement ». Alors que 72 résidents ont été touchés par la grippe depuis la mi-décembre, « l’Ehpad prenait des précautions pour limiter les risques de contamination de la grippe », reconnaissent les auteurs, en citant le lavage des mains, la sensibilisation du personnel aux mesures d’hygiène, l’information du personnel et des visiteurs… Des mesures renforcées ont également été mises en place dès le début de l’épidémie, sur les conseils d’une équipe mobile d’hygiène hospitalière des Hospices civiles de Lyon : isolement des résidents malades, lavage des mains et port de masque plus systématiques, limitation des visites, suspension des animations pour les personnes symptomatiques.
De fait, pour l’Igas, « seuls l’assouplissement des mesures autour du jour de Noël et le défaut de vaccination des professionnels et des résidents peuvent être incriminés pour expliquer la difficile maîtrise de cette épidémie ». D’autant que la couverture vaccinale des résidents (80 % sur la période 2015-2016) était de 40 % cette année. Ce que l'établissement justifie par le refus des familles de faire vacciner leur proche, et par l’arrivée tardive des bons de prise en charge par l’Assurance maladie. De plus, seuls 38 % du personnel soignant étaient vaccinés, un taux néanmoins supérieur à la moyenne des établissements du groupe (33,1 %) et à celle des Ehpad de la région en 2015-2016 (14 %).
Les deux auteurs du rapport ont également formulé quatre recommandations à mettre en place d’ici la fin du premier semestre 2017 :
- L’ARS doit doter l’Ehpad « d’une procédure et d’outils de suivi épidémiologique précis notant au moins l’âge de la personne, son GIR, la date d’apparition des premiers signes, le statut vaccinal »
- Le médecin coordonnateur de l’Ehpad doit « faire de la campagne de vaccination contre la grippe un élément prioritaire de sa mission ». Charge à lui d’établir « en concertation avec l’équipe mobile d’hygiène hospitalière et l’infirmier(ère) chargé(e) de la coordination de l’équipe soignante, un protocole de vaccination applicable par l’ensemble des infirmiers et infirmières » et d’en évaluer l’application et les résultats.
- L’établissement doit prendre « toutes les dispositions utiles » pour recueillir, de la part du résident ou de sa famille, le consentement à la vaccination dès le mois d’octobre et, réaliser la vaccination sans attendre le retour des bons de prise en charge individuels délivrés par l’assurance maladie. « En cas de refus, il doit exiger une confirmation écrite » du résident ou de la famille.
- Enfin, l’ARS doit engager les établissements « à réutiliser la fiche de signalement des cas groupés, chaque fois qu’est constatée une nouvelle série de 5 cas dans un délai de 4 jours ». Cette règle doit être mentionnée dans la fiche qui doit être envoyée si possible le jour même.
Laure Martin