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2 000 infirmières praticiennes spécialisées seront formées d’ici 2024, a annoncé le ministre de la Santé du Québec, Gaétan Barrette. Une déclaration qui fait sourciller les principales intéressées qui estiment que le manque de places de stage auprès des médecins risque de faire défaut.
L’objectif affiché du ministre québécois de la Santé est de tripler les inscriptions ces sept prochaines années pour former des « super infirmières », grâce à un investissement supplémentaire de 25 millions de dollars canadiens (NDLR, un peu plus de 17 millions d’euros) qui sera octroyé aux universités. Le rôle d’une infirmière praticienne spécialisée (IPS) ou « super infirmière » ? Dispenser des soins infirmiers et médicaux, et prescrire des examens diagnostiques, des médicaments et des traitements selon son domaine de spécialité. Pour devenir IPS, la candidate doit suivre, après des études infirmières de premier cycle, une formation universitaire de 2e cycle afin d’obtenir une maîtrise en sciences infirmières option pratiques avancées et un diplôme complémentaire en sciences médicales selon l’option choisie (cardiologie, néonatalogie, néphrologie ou soins de première ligne). Le programme, d’une durée de deux ans, débute par une formation théorique d’une année et demie, suivi d’un stage de six à huit mois, selon les spécialités, aux côtés des médecins.
Or, d’après les infirmières, ces derniers sont trop « débordés » pour accueillir autant de stagiaires. « L’investissement pour la formation est une très bonne nouvelle, mais on va se garder une petite gêne pour les stages parce qu’on n’est pas à notre premier rendez-vous manqué avec le ministre de la Santé », a soutenu Nancy Bédard, vice-présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), interrogée par Le Journal de Montréal. Un point de vue partagé par l’Ordre des infirmiers et infirmières du Québec (OIIQ), qui s’est réjoui de l’augmentation d’inscription prévue, mais a tenu à rappeler que les stages représentent déjà un obstacle à la formation. « Il faudra être vigilant et s’assurer que cela va se déployer à la bonne hauteur, estime Lucie Tremblay, présidente de l’OIIQ. L’argent est là, maintenant il faut avoir les places. »
Le Québec s’est engagé à ce que toutes les diplômées obtiennent un poste à la fin de leurs études, et ce, dans toutes les régions du pays. Afin de soutenir ce déploiement, le ministère de la Santé et des Services sociaux devrait investir 1,4 milliard de dollars (960 millions d’euros environ) sur 10 ans. Ce montant servira notamment à couvrir les salaires des postes actuels et des futures « super infirmières », ainsi que les bourses d’études d’au-moins 60 000 dollars (environ 41 000 euros) qui leur sont offertes dans le cadre de leurs études. Le nombre d’inscriptions à la formation devrait s’accroître graduellement jusqu’à atteindre, en 2021-2022, 270 étudiants admis par année… alors qu’aujourd’hui, elles ne sont que 100. Le Québec ne compte actuellement que 428 infirmières praticiennes spécialisées. Le chemin sera long jusqu’au 2000 ISP.
Laure Martin