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Mobilisés depuis l’automne dernier contre un nouveau plan d’économies annoncé par la direction de l’établissement, les personnels du Centre hospitalier psychiatrique Le Vinatier à Bron, en banlieue de Lyon, seront une nouvelle fois en grève le 12 avril prochain.
« Suppressions ou fusions de services et d’unités, fermetures de lits, baisse des effectifs, remplacements des postes infirmiers par des aides-soignantes, urgences saturées, délais de rendez-vous qui ne cessent de s’allonger… Cela fait onze ans que je travaille au Vinatier et que je vois s’opérer une lente dégradation des conditions de travail et d’accueil des usagers », témoigne Mathieu Berquand-Merle, infirmier et délégué syndical CGT. Premier hôpital psychiatrique de France, avec ses quelque 2 500 agents, Le Vinatier, situé à Bron au sud-est de Lyon, n’en finit pas de souffrir des rigueurs budgétaires. L’Agence régionale de santé a ainsi imposé 3,5 millions d’euros d’économies supplémentaires en 2017 et ce drastique serrage de ceinture devrait se poursuivre les deux prochaines années. « Une cinquante de postes, hors médecins, seront également supprimés cette année », ajoute l’infirmier.
Depuis l’automne dernier, les personnels, désormais soutenus par la grande majorité des médecins et la Commission médicale d’établissement, ont entamé une grève perlée. Durement touché, le secteur de la pédopsychiatrie, qui craint la disparition de structures de consultations et d’hôpitaux de jour de proximité, s’est également mis en grève le 3 avril dernier. « La sectorisation de la psychiatrie est peu à peu dépecée. Les patients les plus en difficulté et les plus démunis sont laissés sur la touche. Aujourd’hui, 75 % des patients hospitalisés le sont dans ce cas de soins sous contrainte et les soins libres sont en constante diminution », indique Mathieu Berquand-Merle. Et du côté des soignants, le mal-être est aussi grandissant. « On tourne souvent à effectif minimum et n’avons donc plus le temps de faire notre métier, hormis les soins de base. Nous sommes totalement en perte de sens. À cette situation, la direction répond par le mépris. Pour elle, si cela va mal, c’est que les personnels travaillent mal, qu’ils ne savent pas s’adapter et qu’ils sont résistants à tout changement. Alors que nous prônons le dialogue, elle nous renvoie un discours culpabilisant .»
À l’appel de l’intersyndicale FO, CGT et CFDT, et du collectif pédopsychiatrie, les personnels seront une nouvelle fois en grève le 12 avril prochain pour « dire non à la dictature de la rentabilité » qui se fait au détriment des patients et des personnels et amener la direction de l’établissement à renouer la dialogue. Contactée, cette dernière n’a pas souhaité donner suite à notre demande d’entretien.
Françoise Vlaemÿnck