D. R.
Le 19 avril, c'était jour de grève dans les hôpitaux marocains. Si certains infirmiers du royaume, comme des techniciens de santé et des médecins, ont cessé le travail et sont descendus dans les rues, d'autres ont porté un brassard pour exprimer leur grogne et porter leurs revendications.
« Depuis 2016, les jeunes diplômés bénéficient d’une reconnaissance au niveau Licence et peuvent donc continuer leurs études à l’université. Mais tous ceux qui ont été diplômés avant cette date n'ont pas accès à cette équivalence, explique Sara Daouir, infirmière et militante du Syndicat national de la santé publique. Pire, auparavant nous pouvions continuer nos études dans un second cycle pour devenir cadre ou enseignant, mais aujourd’hui, cette possibilité n’existe plus. »
Le 19 avril, une grève nationale des infirmiers a donc été lancée au Maroc pour revendiquer le niveau Licence. Cette grogne découle d’un décret de 2013 qui a organisé la formation infirmière en modules, avec une équivalence Licence pour les infirmiers diplômés d’État et une entrée dans la profession à l’échelon 10 de la grille des salaires dans la Fonction publique. Pour l’occasion, les Instituts supérieurs des professions infirmières et techniques de santé (ISPITS) ont remplacé les Instituts de formation aux carrières de santé (IFCS). « Malheureusement, cela laisse 27 000 professionnels en dehors du système. Qui plus est, ceux-ci sont entrés dans la profession à l’échelon 9 », regrette Mohamed El Habib Bellakha, surveillant général et ex-président de l’association des Infirmiers du CHU Mohammed VI à Marrakech.
« C’est la première fois qu’un mouvement infirmier est soutenu par l’ensemble des centrales syndicales » se félicite Mohamed El Habib Bellakha. Au CHU Mohammed VI, le mouvement aurait été suivi par 80 à 100 % des infirmiers. Il fait suite à plusieurs manifestations organisées depuis 2014. Un sit-in devant le ministère de la Santé avait notamment été réprimé dans la violence les 6 et 7 avril dernier. Mais cette fois, les infirmiers ont bon espoir puisque la reconnaissance du niveau Licence est inscrite dans la Stratégie nationale de santé 2017-2021. « Le nouveau ministre de la Santé (en poste depuis le 5 avril, NDLR) a reconnu que notre revendication est légitime. Mais cela doit encore être discuté au Parlement » conclut Mohamed El Habib Bellakha.
Sandra Mignot