26/04/2017

Burn-out : oser en parler

La ministre de la Santé lançait, fin 2016, la stratégie nationale d’amélioration de la qualité de vie au travail des professionnels de santé. Lors du colloque « Soigner les soignants » le 25 avril, l’Association d’aide aux professionnels de santé et médecins libéraux a abordé la question du burn-out et de la gestion d’un événement indésirable grave.

Quelles sont les raisons d’un burn-out ? Cette étude, à destination des infirmiers et masseurs-kinésithérapeutes libéraux, a été menée en 2014 par l’URPS infirmiers libéraux d’Ile-de-France et l’Association d’aide aux professionnels de santé et médecins libéraux (AAPML). « La première cause est la non-reconnaissance des infirmières libérales à leur juste valeur », a expliqué John Pinte, représentant de l’URPS infirmiers IDF. Dans la fonction publique hospitalière, ce manque de reconnaissance « multiplie par deux l’absentéisme au travail, a fait savoir Marie Pezé, docteur en psychologie et responsable du réseau de consultations Souffrance et Travail. Par conséquent, il ne s’agit pas de le contrôler mais de réinjecter une reconnaissance réelle de ce que chacun apporte au travail. » Il faudrait donc accorder plus d'importance aux prises de parole des sentinelles de terrain.

Entraide et suivi individualisé

Se rajoutent à cette liste, l’exigence de plus en plus prégnante des patients et l’excès de paperasserie. 62 % des infirmiers libéraux se sentent menacés par l’épuisement professionnel, et 21 % d'entre eux se disent prêts à changer de métier. « À la suite de cette enquête, un partenariat entre l’URPS et l’AAPML a permis d’identifier une personne désignée pour aider les infirmiers dans le besoin, a indiqué John Pinte. Notre rôle est de les orienter vers les bons interlocuteurs. » D’autant que les événements indésirables graves (EIG) peuvent parfois conduire au suicide. L’ayant vécu, le CHRU de Montpellier a mis en place, en 2010, un dispositif d’aide aux « secondes victimes » des EIG, car « le médecin ou le soignant a besoin d’aide, a soutenu le Pr Sébastien Guillaume, psychiatre au CHRU. Il souffre de cette erreur. » Ce dispositif d’aide accompagne, soutient et oriente en toute confidentialité les personnels soumis à des questions variées d’ordre professionnel et personnel, à la suite d’une erreur, d’un incident ou d’un accident liés aux soins. 22 personnes ressources, dont quatre infirmières, ont été formées pendant trois jours à l’erreur médicale et à la technique d’écoute. « Tout soignant peut appeler un numéro dédié afin d’être orienté vers l’une de ces personnes ressources pour ensuite bénéficier d’un suivi individualisé, a expliqué le psychiatre. Il ne faut jamais rester seul face à une erreur, il faut oser en parler. »

Accompagner les étudiants

Cette souffrance doit être prise en compte dès la formation. Valérie Auslender, médecin généraliste et auteure de Omerta à l’hôpital, le livre noir des maltraitances faites aux étudiants en santé, lance ainsi un appel aux pouvoirs publics qui devraient « s’emparer de cette question » car le plan d’action de la ministre doit « également concerner les étudiants ». Selon une étude de l’Ordre des médecins de juin 2016, 14 % des 8 000 jeunes médecins et étudiants en santé répondants ont déjà eu des pensées suicidaires. La Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers a également révélé, en 2015, que 85 % des étudiants en Ifsi estiment que leur formation est empreinte
de violences. « On parle de violences physiques, de chantage sexuel et de pressions psychologiques », a précisé le Dr Auslender. Quels outils mettre en place pour lutter contre ? « À mon échelle, je ne peux qu’inciter les étudiants à témoigner et dénoncer les violences qu’ils subissent. Ils doivent également rompre leur solitude, en parler à leur formateur et au directeur de l’Ifsi qui doivent s’emparer du phénomène et instaurer des groupes de parole. » Et de conclure : « Avec la Fnesi, nous allons mettre en place des actions de prévention au sein des Ifsi pour aider les étudiants à lutter contre le harcèlement moral et leur donner les clés pour se défendre et faire en sorte qu’ils ne se sentent plus seuls. »

Laure Martin

Les dernières réactions

  • 26/04/2017 à 20:40
    VFR
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    Bonjour, le burn out touche toutes les professions, travaillant en cabinet comptable, c'est effroyable, la pression, la non reconnaissance, des heures par semaine hors la loi.... je souhaite que le sujet soit abordé pour les cabinets comptables. Un turn o
  • 27/04/2017 à 10:25
    Sissi
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    Depuis 1 an c'est devenu l'enfer avec la course aux économies, les GHT et autres restructurations. Je suis Cadre de santé et toutes mes collègues partent...du coup ça fait peur et c'est le serpent qui se mort la queue...chef de pôle méprisant, DRH qui fer
  • 28/04/2017 à 10:17
    Dsclash
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    Comment etre bien si on fait de tout pour que les autres se remplissent les poches. On suporte la charge de travail, les rabaissements, les pointages de doigts, les buts d entreprise impossible a atteindre et on doit encore remercier nous patrons et etre
  • 13/02/2018 à 17:02
    mari
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    le burnout est très présent dans les métiers du privé, bien plus que chez les infirmières. Commercial, marketing, juriste, etc ... rendement, temps, coûts, pas d'horaires puisque tout le monde est cadre..... et surtout pas d'enquêtes comme dans le public

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