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Des soupçons pèsent sur l’éthique de la campagne #liberezmapilule récemment lancée en ligne en faveur de la contraception sans ordonnance.
Le 18 avril dernier, un collectif de pharmaciens, associé au Planning familial, rédigeait une lettre ouverte demandant aux laboratoires pharmaceutiques de « s’engager publiquement à déposer auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ou de l’Agence Européenne des médicaments (EMA) un dossier d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour une pilule progestative sans ordonnance avant le 8 mars 2018, journée internationale des droits de la femme ». Les signataires demandent par ailleurs à ces mêmes agences « d’accueillir avec bienveillance cette demande et de s’assurer de la mise en place des outils de formation nécessaires au bon usage de cette pilule contraceptive ». La lettre est accompagnée d’une pétition en ligne, déjà signée par près de 3 000 personnes.
De nombreux débats ont immédiatement surgi. L’un sur la nécessité ou non d’un accompagnement médical pour l’usage d’une contraception hormonale. Certains médecins étant accusés de préserver leur revenu via une consultation obligatoire. L’autre sur l’intérêt d’avoir ainsi en libre accès une pilule qui ne convient pas à la majorité des utilisatrices, notamment les plus jeunes. Un troisième encore sur les économies potentielles pour l’Assurance maladie.
Un dernier questionnement est finalement venu perturber la campagne. Une analyse poussée de l’initiative par le médecin blogueur @Dr_Borée a en effet mis en évidence l’implication d’un pharmacien consultant auprès de l’industrie pharmaceutique dans le collectif, soulignant ainsi l’existence d’un conflit d’intérêt. Or dans son analyse, le médecin rappelle ensuite que : « Tous les médicaments qui ont été déremboursés ces dernières années pour passer en vente libre ont vu leurs tarifs augmenter rapidement de 46 % en moyenne et de plus de 90 % dans un quart des cas .» Et l’auteur de conclure que « financièrement, cette initiative profitera surtout à l’industrie pharmaceutique. »
La polémique a amené plusieurs signataires à se désengager de l’initiative, comme l’a signalé Dominique Dupagne, médecin généraliste, sur Tweeter : « Je regrette d’avoir lu ce texte trop vite et qu’un de ses promoteurs soit resté caché. »
Sandra Mignot