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La stratégie nationale d’amélioration de la qualité de vie au travail des professionnels de santé a le vent en poupe. En effet, plusieurs de ses engagements sont en cours de concrétisation avant le changement du gouvernement. Notamment la question de la revalorisation de la prime de nuit, dont le montant scandalisent syndicats et infirmiers.
La revalorisation de la prime de nuit des infirmières de la Fonction publique hospitalière a été annoncée par le ministère de la Santé : « La majoration pour travail intensif de nuit des personnels des services d’urgence ou de soins critiques alternant des horaires de jour et de nuit, exposés à des rythmes de travail contraignants, sera augmentée de 40 %, à compter du mois de mai. » Inchangé depuis 2001, le taux horaire de l’indemnité de nuit est aujourd’hui de 1,07 euro brut de l’heure entre 21 heures et 6 heures du matin (soit 0,17 €/h auquel s’ajoute une majoration pour travail intensif de nuit de 0,90 €/h). Il devrait donc être porté à 1,26 € brut/h, soit une hausse de 19 centimes brut de l’heure, donc 1,71 euro brut de plus par nuit.
« Il est difficile de trouver les mots pour réagir sans perdre son calme, s’indigne Nathalie Depoire, présidente de la Coordination nationale des infirmiers (CNI). Le ministère “frappe” un grand coup de massue, au sens propre du terme, sur la tête des soignants. » Le syndicat proposait de fixer la prime horaire à deux fois la valeur du point, qui est aujourd’hui à 4,68 euros. De plus, cette « obole » ne sera accordée « qu'aux personnels des services d'urgence ou de soins critiques alternant des horaires de jour et de nuit, exposés à des rythmes de travail contraignants », soit 23 100 agents. Pour ceux évoluant dans des services en équipe fixe de nuit, et pour tous les autres agents de l’hôpital, le tarif reste, lui, à 1,07 euro brut de l’heure. Pourtant, « la prise en charge des patients 24h/24 ne concerne-t-elle pas tous les services d'hospitalisation, s'interroge Nathalie Depoire. Pourquoi réévaluer la prime de nuit pour certains et pas pour les autres ? Il s'agit bien d'une ultime et cynique provocation pour les plus courtois mais, surtout, d'un “foutage de gueule” pour les plus nombreux. »
« Ces propositions sont insultantes pour les professionnels que nous sommes, dénonce, exaspéré, Thierry Amouroux, président du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI CFE-CGC). L’équipe de Marisol Touraine nous fait une nouvelle démonstration de son mépris pour les soignants. À croire qu’elle ne mesure pas à quel point la pénurie est liée à la faiblesse des rémunérations, aux contraintes et responsabilités. » Le souhait du syndicat ? « Que le prochain ministre de la Santé soit plus ouvert que celle de ces cinq dernières années. Nous n’avons eu aucune écoute, et cette mesure, c’est vraiment de la com’. C’est méprisant. C’est un manque de respect total vis-à-vis des professionnels qui s’investissent dans leur travail. Constater la façon dont nous pouvons être considérés fait mal au cœur. »
Laure Martin