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À la veille du second tour de l’élection présidentielle, nous avons laissé libre cours à notre imagination… et imaginé qu’une infirmière prenne la tête du pays ce dimanche. Et en tant que présidente, quelles réformes amener ?
« Moi, président de la République… » Cinq ans après la tirade de François Hollande et à l’heure où le fauteuil de chef de l’exécutif est à nouveau vacant, nous avons décidé de vous consulter : si c’était vous qui étiez élue ce dimanche, quelles décisions prendriez-vous pour améliorer notre système de santé ? Hospitalières, libérales, étudiantes… Nous avons épluché les « programmes » que vous nous avez soumis et pioché quantité de bonnes idées, nourries de votre passion et de votre connaissance du terrain.
Parmi les sujets prioritaires, selon vous, la formation des soignants. Ainsi, Antoinette, 64 ans, infirmière libérale en région parisienne, suggère « un apprentissage dès la troisième, comme pour tout métier manuel, car l'infirmière apprend en contact direct avec le corps. Par ailleurs, les études devraient être gratuites et les diplômées qui le souhaitent devraient bénéficier d’un accès direct à la deuxième année de médecine dès trois ans d’expérience professionnelle. Enfin, il serait bon d’introduire une initiation à la sophrologie et aux arts martiaux afin d’apprendre à éviter le burn-out. »
Les conditions de travail sont en effet une préoccupation pour nombre d’entre vous, comme Philippe, 55 ans, infirmier dans un service de SSR et rééducation à Metz. Il promet d’« augmenter le nombre de soignants dans tous les services hospitaliers. Surtout ceux qui accueillent des personnes âgées et les Ehpad. » Un projet creusé par Elodie, 44 ans, IDE en Ehpad à Vannes : « Je créerais des établissements pour personnes âgées avec des programmes respectant le rythme et le projet de vie de chacun, où les compétences de nos aînés seraient mises en avant. »
Pour Nathalie, 59 ans, infirmière libérale dans les Yvelines, il est également urgent de mener quelques réformes administratives : « Je ferais bouger cette nomenclature désuète et cette Sécu qui ne se réfère qu'à une règle complètement inadaptée aux situations des patients vulnérables. Je supprimerais le zonage qui n’est jamais contrôlé ni réactualisé. »
Une meilleure reconnaissance de votre expertise et compétences vous tient également à cœur, comme en témoigne Nicole, 56 ans, Ibode à Marseille. « Je mettrais en route en grand chantier pour recenser l’activité infirmière sous forme de RIO (références infirmières opposables). De ces RIO pourraient découler les besoins en personnels pour y répondre. La prescription infirmière porterait sur des champs de compétences et la démarche de soins, non sur une liste d’articles qui n’a pas de sens sortie de son contexte. L’évaluation serait menée sur objectifs et résultats, avec un contrôle de l’assurance-maladie effectué par des infirmières. »
L’interdisciplinarité retient toute l’attention, dont celle de Janice, 20 ans, étudiante à Tours, qui suggère « d’augmenter le nombre de psychologues. Je voudrais aussi dans tous les services une infirmière sociale, dont le rôle serait de soutenir les familles et les patients ». Vous évoquez également la prévention, à l’instar de Corinne, 55 ans, IDE en Ehpad dans l’Yonne : « Je changerais l'alimentation humaine, industrielle et exagérément carnée, qui ne fait qu'accentuer les maladies. » Enfin, puisqu’il n’est pas interdit de rêver, Marie, 29 ans, infirmière en chirurgie à Metz, propose d’« embaucher toutes les infirmières au chômage et de réduire de 50 % le prix de tous les médicaments ». Un doux rêve ?
Hélène Colau