© Fotolia
Écoute du patient, annonce d'un processus de soins, co-construction d'une décision avec le patient... L’apprentissage à la démocratie en santé est intégré inégalement à la formation initiale des médecins et des infirmiers, estime un rapport de l’Institut pour la démocratie en santé.
En janvier dernier, l'Institut pour la démocratie en santé (IPDS)(1) dévoilait les premiers résultats d'une enquête réalisée auprès des facultés de médecine et des instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) sur la formation des professionnels de santé à la démocratie en santé. Les résultats définitifs ont été publiés le 2 mai, accompagnés du rapport « Les initiatives du changement des pratiques des professionnels de santé favorables à la démocratie en santé ».
Le groupe de travail, à l’origine de ce rapport, a d’abord réfléchi aux compétences « que les professionnels doivent acquérir pour accompagner et prendre en charge leurs patients dans un esprit conforme à la démocratie en santé » et a proposé un référentiel comprenant sept axes :
- questionner éthiquement
- écouter la personne soignée
- annoncer et expliquer un processus de soin ou d'accompagnement
- évaluer et prendre en compte l'état psychologique d'une personne
- co-construire une décision avec la personne soignée et/ou ses proches
- comprendre et prendre en compte les représentations sociales, culturelles et religieuses à l'égard du corps et de la maladie, y compris les attitudes de défiance à l'égard du système de santé
- travailler avec d'autres professionnels.
Est ensuite intervenue l’enquête, réalisée par l'IPDS, avec l'appui du Comité d'entente des formations infirmières et cadres (Cefiec) et de la Conférence des doyens des facultés de médecine, qui a récolté les réponses de 147 Ifsi (44,5 % des instituts enquêtés) et de 11 unités de formation et de recherche (UFR) de médecine (31,5 %). « Si les sept compétences sont enseignées dans les Ifsi et les UFR de médecine, elles le sont de façon très variable entre elles et entre les établissements », « que ce soit en termes de temps consacré ou de méthodes pédagogiques », constate l'IPDS. Par exemple, 64 % des Ifsi consacrent plus de 25 heures de formation à l'évaluation et la prise en compte de l'état psychologique, lorsque 12 % y consacrent moins de 10 heures. L'Institut relève également que « les futurs médecins sont très peu formés (dans le cursus théorique) au travail avec les autres professionnels de santé ».
L'implication des usagers dans les formations est en revanche « importante et bien actée, et on ne peut que se féliciter d'un tel mouvement », poursuit l'IPDS. Ainsi, 82 % des Ifsi et 50 % des UFR de médecine répondants font participer les usagers à la formation des étudiants. « Le mouvement de fond » est « clairement engagé mais il reste à formaliser et baliser toutes ces démarches et initiatives pour arriver à une formation en démocratie en santé plus uniforme et systématique », conclut l’IPDS. Dans de futurs travaux, il souhaite étendre l'enquête à toutes les professions soignantes (médicales et paramédicales), et capitaliser sur les résultats pour « faire progresser l'écoute et les échanges entre soignants et soignés ».
Laure Martin
1. Créé en mai 2015 par la Fédération hospitalière de France (FHF), l'École des hautes études en santé publique (EHESP) et le Collectif interassociatif sur la santé (Ciss), l'IPDS vise à développer l'implication des citoyens et usagers dans la définition des politiques publiques.