© Fotolia
La CGT dénonce la lenteur des autorités à réagir face aux violences sexistes et sexuelles observées dans les hôpitaux de Roubaix (59) et de Lavaur (81). Entretien avec Ophélie Labelle, membre de la direction de la Fédération santé et action sociale et en charge des questions femmes et mixité.
Espace Infirmier : Que s’est-il passé dans ces deux établissements ?
Ophélie Labelle : Les équipes soignantes ont dénoncé des faits émanant d’un praticien à leur encontre, voire à l’égard de patients, des réflexions d’ordre sexuel et sexiste, des violences verbales voire physiques, des attouchements et du harcèlement. À l’hôpital de Roubaix comme celui de Lavaur, les faits sont clairs. Des enquêtes ont été diligentées par les Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), le Centre national de gestion des praticiens hospitaliers et des personnels de direction de la Fonction publique hospitalière (CNG), voire l’Ordre des médecins. Pour l’instant, les soignants n’ont pas déposé de plainte.
Dans quel état d’esprit sont les deux équipes ?
Elles vont bien, car dans les deux cas, elles n’ont plus à travailler avec le praticien concerné. Même si elles se refusent toujours à témoigner à visage découvert. À Roubaix, le chirurgien est suspendu de bloc depuis fin janvier. Une enquête interne a été réalisée à la demande du CHSCT mais les résultats ne nous ont pas encore été communiqués. À Lavaur, le praticien est en arrêt maladie et le parquet a ouvert une enquête préliminaire pour des faits de harcèlement moral en mars dernier.
Quelles actions avez-vous menées ?
Le Centre national de gestion a été interpellé par les syndicats locaux. Nous avons également alerté les ministres de la Fonction publique et des Droits de la femme à l’occasion de la remise du rapport Descamps Crosnier sur les inégalités hommes-femmes en mars et directement le Premier ministre, le 6 mars, via une lettre ouverte. Nous n’avons toujours aucune réponse.
Que demandez-vous ?
Une décision exemplaire doit être prise. Il ne s’agit pas d’un fait divers, et cela se produit dans nombre d’établissements. Nous avons des remontées parfois, mais il est compliqué pour les victimes d’engager des démarches ouvertement. Et on voit bien que les autorités mettent longtemps à réagir. En outre, il faut éviter que la situation soit réglée par une promotion du harceleur ou le déplacement de service des victimes. Enfin, nous voulons que le gouvernement mette en œuvre un plan d’action contre les violences sexuelles à l’hôpital avec de vrais moyens.