Le dégoût, un sentiment partagé

Défaire un pansement ou pénétrer dans la chambre d’un patient et être assailli par une forte odeur. Caroline Didier, psychologue clinicienne, a décidé de faire de la répulsion&nbsp– très commune chez les soignants&nbsp– le sujet de son mémoire dans le cadre d’un DU sur la gestion du stress. Son terrain d’étude&nbsp? Le service des urgences générales de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP) où elle travaille. Ses conclusions ont fait l’objet d’une conférence au Salon infirmier, le mardi 16&nbspmai. «&nbspJ’ai constaté une extrême sensibilité sur cette thématique. D’ailleurs, tout le monde me courait après pour remplir mon questionnaire&nbsp», raconte la psychologue. Le sujet a en effet touché les soignants au cœur&nbsp: sur les 82&nbsppersonnes qui ont répondu, plus de 82&nbsp% ont déclaré éprouver parfois de la répulsion dans les soins.

En parler, toujours

Le sens le plus mis à l’épreuve était l’odorat (cité par 94&nbsp% des répondants), suivi de la vue (48&nbsp%). Comme la psychologue s’y attendait, la question du dégoût ne constitue pas un tabou chez les soignants, puisque 80&nbsp% de ses collègues déclaraient pouvoir en parler ouvertement. Et c’est heureux. «&nbspNous ne sommes pas tous dégoûtés par les mêmes choses&nbsp», indique Caroline Didier. Le soignant mis en difficulté peut donc, estime-t-elle, passer le relais en faisant appel à un autre membre de l’équipe… s’il connaît bien ses collègues et s’il en a discuté au préalable. Reste qu’environ 10&nbsp% des répondants au questionnaire de la psychologue ont admis avoir eu des réactions de fuite face à certaines situations. Les discussions autour de la machine à café sur les sujets «&nbsppas très glamour&nbsp», pour reprendre les mots de Caroline Didier, sont donc encore à encourager.

Adrien Renaud