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SALON INFIRMIER
1987-2017. Lors de la 30e édition du Salon Infirmier, Dominique Combarnous, cadre de santé et présidente de l’Association nationale des cadres infirmiers et médico-techniques (Ancimp), est revenue sur l’évolution de la profession de cadre infirmier en France.
« Une profession qui méconnaît ses origines a des difficultés à parler d’elle, estime Dominique Combarnous, cadre de santé et présidente de l’Association nationale des cadres infirmiers et médico-techniques (Ancimp). Pour se projeter, il est important de savoir d’où l’on vient. » La fonction de cadre de santé repose sur l’histoire même de la profession infirmière et est liée à l’évolution des conditions de travail. Au 19e siècle, c’est la congrégation religieuse qui dispensait les soins sous la hiérarchie ecclésiastique. Disposition, dévouement, obéissance, abnégation qualifient son rôle. La fonction de surveillance est également endossée par une religieuse.
Mais en 1890, le Dr Désiré-Magloire Bourneville, qui participe activement à la laïcisation des hôpitaux français, « considère qu’il est impératif de former du personnel laïc », explique Dominique Combarnous. Cela conditionne l’ouverture des premières écoles pour la formation de ce personnel laïc, par des médecins qui prônent l’hygiène et l’obéissance passive. L’infirmière doit être l’aide du médecin. À l’époque, le rôle de la surveillante, nommée souvent au mérite car il n’existe pas encore de diplôme, est de surveiller et punir. Elle contrôle le personnel, tient les registres de présence, gère les mutations, les congés et les punitions, sous la responsabilité du directeur. « Elle contrôle également les actes de soins, sous la responsabilité du chef de service, ajoute Dominique Combarnous. Elle a donc une double tutelle et aucune autonomie. »
Le début du 20e siècle a été ponctué par de nombreuses tentatives de création d’un diplôme de cadre. Déjà en 1938, avec un diplôme supérieur d’infirmière hospitalière, mais le projet a avorté avec la Seconde Guerre mondiale. Idem en 1942 puis en 1943. En 1951, la Croix-Rouge permet aux infirmières de suivre une formation de surveillante et en 1958 sont créés le Certificat d’aptitude aux fonctions d’infirmier moniteur (Cafim) et le Certificat d’aptitude aux fonctions d’infirmier surveillant (CAFIS). En 1975, le certificat de cadre infirmier est créé mais le diplôme n’est pas obligatoire pour remplir la fonction. C’est en 1995 que le diplôme de cadre de santé est instauré « mais on nous appelle encore surveillante », regrette Dominique Combarnous.
En 2009, dans son rapport sur les cadres hospitaliers, Chantal de Singly, alors directrice de l’Institut de management à l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP), insiste sur la notion de cadre-manager et sur la nécessité d’une formation commune entre tous les cadres de santé. « En 2012, nous avons alors travaillé avec le ministère de la Santé à la réingénierie de la fonction cadre de santé avec un référentiel d’activités et de compétences, rapporte Dominique Combarnous. Reste à écrire le référentiel de formation et de certification. Mais quand ? Cela fait déjà cinq ans ! » Et de conclure : « Le cadre de demain devra être co-auteur des transformations de l’hôpital. Il devra être un pilote ouvert et souple aux fortes compétences relationnelles. Fédérer son équipe autour d’une vision et s’appuyer sur une base personnelle de courage et d’équilibre. Les cadres doivent devenir experts du management au-delà de l’expertise métier. »
Laure Martin