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SALON INFIRMIER
Dans les établissements hospitaliers, les conséquences de l’absentéisme pèsent autant sur les agents que sur les cadres de santé, qui éprouvent un fort sentiment de culpabilité, et au final sur la qualité des soins.
« Je n’en dors plus la nuit, je suis responsable de ce que je fais vivre aux infirmières. » C’est ce qu’une cadre a confié à Véronique Achmet, doctorante montpelliéraine qui présentait au Salon Infirmier les premières observations colligées pour sa thèse consacrée aux modalités de gestion de l’absentéisme à l’hôpital. « Les cadres sont stressés, a-t-elle observé, et peuvent éprouver un sentiment de culpabilité lié au peu de marge de manœuvres dont ils disposent pour gérer ce phénomène. »
Dans le contexte de restriction de budget et d’amélioration de la performance actuel, les cadres ne peuvent s’appuyer que sur la flexibilité interne du personnel. Véronique Achmet – qui étudie la situation via des entretiens au sein de quatre établissements de soins français – distingue quatre modalités d’action. L’auto-remplacement consiste à rappeler les agents qui sont en repos. L’auto-ajustement des plannings va plutôt chercher à étirer les horaires de chacun pour couvrir l’absence du collègue. La mobilité interservices est le fait de faire appel à un soignant disponible dans un autre service. Enfin, les pools de remplacements permettent d’avoir des agents en surplus qui interviennent à la demande.
« Peu de ces solutions sont satisfaisantes, souligne Véronique Achmet. Même les pools qui sont souvent de petite dimension, et dont peu d’établissements disposent. » Le résultat ce sont des IDE dont les horaires de travail grimpent en flèche. « On observe la génération d’un présentéisme avec un impact sur la qualité de vie des agents, et parfois – notamment en cas de mobilité interservice – l’émergence d’un sentiment d’inutilité, quand un soignant doit travailler dans un service qu’il ne connaît pas. »
Une baisse de la qualité des soins est mentionnée dans nombre des entretiens réalisés, même si le sujet demeure tabou. « Le risque de mise en danger potentielle du patient est réel », souligne la doctorante en sciences de gestion, évoquant un épisode de chimiothérapie « administré en 1h30 au lieu de 8, qui a failli coûter la vie à un patient ».
Parmi les solutions ébauchées, à ce stade de l’analyse : une meilleure connaissance des limites physiques et psychiques du personnel, un travail collectif des cadres autour de leurs méthodes de gestion de l’absentéisme afin de relativiser leur sentiment de culpabilité, l’élaboration de projets de gestion collective de ce problème.
Sandra Mignot