La cigarette (encore) de trop !

Faites ce que je dis, pas ce que je fais ! Telle semble être la devise d’une partie des soignants qui, tout en prodiguant aux patients des conseils sur le sevrage tabagique, profitent de la moindre pause pour aller s’en griller une. Un comportement que regrette la nouvelle ministre de la Santé, le P^r Agnès Buzyn, qui s’est exprimée le 30 mai, à l’occasion des Rencontres de Santé publique France. « Nous avons un problème spécifique dans notre pays : celui du tabagisme des professionnels de santé », a-t-elle notamment déclaré. Elle s’est en particulier émue de chiffres « alarmants » chez les paramédicaux : 31 % des infirmières et 44 % des aides-soignantes fument. Et la ministre de faire la comparaison avec la Grande-Bretagne, où la prévalence du tabagisme chez les professionnels de santé n'est que de 5 %. Un modèle que les Français devraient, d'après elle, suivre « par souci d'exemplarité et d'efficacité de l'action auprès de leurs patients ».

Méconnaissance des risques

Les autorités sont d'ailleurs conscientes du problème depuis longtemps. Le Dr Anne-Laurence Le Faou, présidente de la Société francophone de tabacologie, rappelle que dès 2003, des patches gratuits ont été distribués au personnel hospitalier pour les aider à arrêter de fumer. D'autres mesures ont suivi : consultations de tabacologie, « Hôpital sans tabac »... Anne-Laurence Le Faou estime que ces initiatives doivent être renforcées car « manifestement, cela n’a pas suffi pour faire baisser le pourcentage de fumeurs chez les infirmiers et aides-soignants ». Elle remarque d'ailleurs que les professionnels de santé qu'elle reçoit en consultation « ont encore des idées fausses concernant les risques du tabagisme ». Mais lorsqu'ils débutent leur sevrage, elle assure trouver en eux des assistants particulièrement efficaces auprès de ses patients.

Adrien Renaud