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À quelques semaines de la publication de son rapport annuel « Charges et produits », la Caisse nationale de l’assurance maladie a dévoilé, le 31 mai, sa cartographie médicalisée des dépenses de santé. Une analyse qui quantifie les pathologies ou les traitements les plus fréquents des 57 millions de bénéficiaires du régime général et les dépenses associées en 2015.
« À l’heure actuelle, des contraintes pèsent sur l’Assurance maladie avec un objectif d’évolution des dépenses de santé voté par le Parlement en baisse depuis plusieurs années, a rappelé le Pr Luc Barret, médecin conseil national de l’Assurance maladie. Aujourd’hui, cette évolution est autour de 2 % alors qu’elle était comprise entre 5 et 7 % au début des années 2000. Il est donc nécessaire de mieux appréhender la nature et l’ampleur des problèmes de santé, et comprendre les dynamiques médicales qui sous-tendent l’évolution tendancielle. » D’où cette cartographie médicalisée qui s’appuie sur les données du Système national d'information inter-régimes de l'Assurance maladie (Sniiram) pour les soins réalisés en ville et du Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) pour les soins réalisés à l’hôpital ou encore en clinique.
En 2015, parmi les 57 millions de bénéficiaires du régime générale de l’Assurance maladie, 35 % (soit 20 millions) ont eu recours à des soins pour des pathologies spécifiques, fréquemment chroniques, ou des traitements médicamenteux au long cours, soit plus de 3 délivrances dans l’année (maladies cardiovasculaires, diabètes, cancers, maladies respiratoires chroniques, maladies du foie, etc.). « En prenant en compte les maternités, les hospitalisations ponctuelles et certains traitements antalgiques ou anti-inflammatoires chroniques, ce sont 26 millions de personnes (45 %) qui recourent de façon significative au système de soins », note le rapport. Pour le reste de la population, 31 millions d’assurés – soit un assuré sur deux – ont bénéficié de soins courants, « en dehors de tout contexte de pathologie ou traitement spécifique identifiable ».
La fréquence des pathologies varie selon l’âge (voir tableau ci-dessous) et le sexe de l’assuré. Ainsi, le diabète ou les maladies cardioneurovasculaires touchent plus précocement les hommes que les femmes. Les femmes, quant à elles, ont recours, plus tôt et plus souvent, aux traitements psychotropes.
Source : Présentation de la Cartographie médicalisée des dépenses de santé
Concernant les dépenses, en 2015, 133,6 milliards d’euros ont été consacrés aux soins dans le cadre du régime général. « Sur cette somme, une grosse partie des dépenses, environ 30,7 milliards d’euros, a été affectée à la prise en charge des hospitalisations ponctuelles avec ou sans pathologie », a rapporté Christelle Gastaldi-Ménager responsable-adjointe du département des études sur les pathologies et les patients. Sur la période 2012-2015, les dépenses pour le régime général ont progressé de 10,2 milliards d’euros. Ce sont les hospitalisations ponctuelles qui affichent la plus forte évolution avec une hausse de plus de 2 milliards d’euros, suivies des cancers (+1,5 milliard d’euros) et maladies psychiatriques et psychotropes (+1,2 milliard d’euros).
Un focus sur les maladies cardio-vasculaires indique qu’en 2015, elles ont touché 3,8 millions de personnes pour un coût de 13 milliards d’euros (10 % des dépenses). « Entre 2012 et 2015, nous avons plus précisément constaté une augmentation du poste infirmier pour les maladies coronaires chroniques, passant de 88 euros à 100 euros remboursés par an et par patient, a indiqué Christelle Gastaldi-Ménager. La combinaison entre la hausse des soins infirmiers et la baisse des dépenses en médecine-chirurgie-obstétrique (MCO) peut être analysée comme un marqueur du virage ambulatoire. »
L’Assurance maladie a également réalisées des projections pour une période de cinq ans (2016-2020). Pour le diabète par exemple, si 3,7 millions de personnes étaient concernées en 2015, elles pourraient être 4,1 millions en 2020, soit 455 000 personnes en plus (+12 %). « Attention cependant, 62 % de cette hausse serait dû à l’évolution démographique », a fait savoir le Dr Dr Ayden Tajahmady, directeur adjoint de la direction de la stratégie et des études statistiques (DSES). Et d’ici 2020, estime la cartographie, 580 000 personnes supplémentaires auront au moins une pathologie, un traitement au long cours, une maternité ou une hospitalisation ponctuelle alors qu’elles n’en avaient pas en 2015.
Laure Martin
La cartographie médicalisée des dépenses de santé est accessible sur ameli.fr.