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Une enquête statistique, financée par l’ARS et réalisée auprès de 2 403 professionnels infirmiers, aides-soignants et cadres des établissements publics et privés (dont 451 infirmières libérales), révèle un taux de burn-out élevé et de pensées suicidaires parmi les infirmières et aides-soignantes de la région du Limousin.
« Ce qui m’a le plus choqué, c’est le nombre d’infirmières ayant déjà eu des pensées suicidaires », observe Bruno Delhomme, président du conseil départemental de l’Ordre des infirmiers de Haute-Vienne. Une enquête réalisée par l’Observatoire régional de santé du Limousin révèle en effet que l’état de santé et l’équilibre psychique des infirmières et aides-soignantes se sont fortement dégradés : 12 % des infirmières (19 % de celles exerçant en Ehpad) ont déjà eu des pensées suicidaires sur les deux dernières années, contre 5 % de la population générale. Et 8 fois sur 10, elles mettent leur travail en cause.
Les chiffres sont alarmants : les tentatives de suicide, chez les aides-soignantes, s’élève à 8,3 %, contre 5,5 % de la population générale. 40 % des infirmiers (42 % des salariés et 34 % des libéraux) et 56 % des aides-soignantes considèrent leur état de santé psychique comme « passable » voire « mauvais », et 94 % mettent en cause leur activité professionnelle. Un burn-out sévère est relevé chez 9 % des infirmières (20 % en Ehpad) et 15 % des aides-soignantes. Parmi les salariés, les aides-soignants et les cadres sont ceux qui se sentent le plus menacés par le burn-out (25 %) contre 14,3 % chez les libéraux et 18,8 % chez les infirmiers. « Notre département est l’un des plus touchés par le vieillissement de la population et donc, les professionnels de santé sont très sollicités, ajoute Bruno Delhomme. Néanmoins, 20 % d’infirmières en burn-out, c’est énorme ! Les politiques de non-recrutement dans les établissements, les rappels sur les repos ou les congés, voire sur les retraites, cela ne peut que conduire à ce genre de situation... » Les professionnels interrogés accusent également le manque de reconnaissance, l’augmentation de la charge de travail et la lourdeur des tâches administratives.
Suite à cette étude, le conseil départemental de l’Ordre des infirmiers de Haute-Vienne annonce, pour septembre prochain, la création d’un groupe de travail afin de travailler sur la proposition d’une cellule de soutien psychologique spécialisée. « Neuf infirmiers sur 10 sont favorables à ce genre de dispositif, et 4 soignants sur 10 expriment une demande personnelle de soutien, note Bruno Delhomme. Et il y a une ouverture possible auprès de l’ARS pour travailler sur la prise en charge de la souffrance psychique professionnelle. Enfin, nous avons fait remonter ces données au CNOI, afin qu’elles soient relayées auprès du ministère. Et nous contacterons également tous les établissements publics et privés de la région pour qu’ils prennent conscience que cette situation ne peut plus durer. »
Sandra Mignot