09/06/2017

[Étude] Comment expliquer le burn-out des infirmières libérales ?

Quel est le niveau de burn-out des infirmières libérales ? Une étude nationale inédite a été conduite en février par Didier Truchot, professeur de psychologie sociale à l’Université de Bourgogne-Franche-Comté, en partenariat avec « L’Infirmière libérale magazine ». Au cœur des interrogations, les situations de tensions que rencontrent les Idel au cours de leur activité professionnelle.

Le niveau de burn-out est très élevé chez les infirmières libérales, bien plus que chez les autres professionnels paramédicaux, et équivalent aux médecins généralistes. C’est ce qui ressort de l’analyse des réponses des 1 678 infirmières libérales qui ont participé à l’étude du Pr Truchot, professeur de psychologie sociale à l'Université de Bourgogne-Franche-Comté, et de Mathilde Duboz, étudiante en master psychologie du travail.

L’étude révèle que le burn-out est plus élevé chez les infirmières libérales travaillant seules que chez celles qui sont associées. « Il y a donc un effet net du type d’environnement de travail à prendre en compte dans les préconisations car la différence est énorme en termes d’heures de travail, rapporte Didier Truchot. Ainsi, celles qui exercent seules travaillent en moyenne 53 heures par semaine et le chiffre tombe à 38 heures pour celles qui sont associées. » Ce qui évidemment interfère avec la vie privée. Et de poursuivre : « La “voie royale” pour diminuer le burn-out peut donc être le cabinet de groupe qui protège de la charge de travail. » À titre d’exemple, les items (1) « avoir des amplitudes horaires importantes », « réaliser divers services qui ne sont pas de votre ressort » et « manquer de temps pour vous reposer » ont respectivement reçu une moyenne de 5.22, 5.18 et 4.84 sur 6.

Un environnement contraignant

Autre cause de l’épuisement émotionnel des infirmières libérales : « le travail empêché », qui désigne les relations conflictuelles qu'elles peuvent avoir avec les patients qui leur manquent de respect, les relations tendues avec leurs collègues ou un environnement de travail contraignant (en raison, par exemple, de difficultés de transport). Certaines situations sont fréquemment rencontrées par les infirmières libérales comme « devoir réaliser des soins dans des logements peu adaptés avec un manque de matériel, une absence de lit », item qui reçoit une moyenne de 4,57 sur 6, « être confronté à des demandes excessives des patients et/ou des familles des patients » (4,25/6) ou encore, « devoir réaliser des soins dans des logements sales, vétustes » (4,12/6).

En revanche, le fait d'éprouver des affects, des sentiments et de la compassion vis-à-vis du patient n'est pas à l'origine du burn-out, bien au contraire. « Cet élément émotionnel semble protéger de l'épuisement et de la dépersonnalisation, car ce ressenti donne du sens au travail des infirmières libérales », rapporte le Pr Truchot. L’analyse complète des résultats est disponible dans le numéro de juin de L’Infirmière libérale magazine.

Laure Martin

1. Cette étude a été réalisée grâce à un questionnaire de quelque 120 items publié dans le numéro de février de L'Infirmière libérale magazine et relayé sur notre site. Seuls les questionnaires remplis entièrement, soit 1 678, ont été pris en compte. Parmi les répondants : 88 % de femmes, 44 ans en moyenne, associées en majorité, réparties à peu près équitablement en milieux urbain, rural, semi-urbain.

Les dernières réactions

  • 14/06/2017 à 21:24
    Avermote
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    C'est toujours navrant de découvrir que de beaux métiers comme celui d'infirmières soient aussi touchés par le phénomène. J'invite les lecteurs de cet article à lire l'ouvrage francophone de Frédéric laloux, reinventing organization et qui analyse la soci
  • 28/09/2017 à 11:49
    Joffre
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    pas un mot sur les relations cpam/idels, la nomenclature totalement inadaptée, la criminalisation des idels, l'absence d'évolution tarifaire, l'incidence des nouvelles technologies, le transfert de charge, sesam vital :un chantage etc etc, etc... bon !
  • 05/12/2017 à 15:25
    Lausm
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    Oui, Joffre a bien tout dit:
    Infirmier libéral pendant 12 ans, quand on se fait convoquer à la CPAM qui vous dit qu'elle peut vous reprendre 6 mois de revenus, quand on doit s'arracher les cheveux pour facturer dans des cotations à combinaisons incompréh
  • 07/03/2019 à 20:18
    Marie
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    Bonsoir’
    L ´ide libérale est le dernier rempart à la sauvagerie,la maltraitante et l abandon de nos aînés fragiles, seuls et abandonnés.
    Nous devons veiller à tout. Aller chercher les médicaments, vérifier l alimentation, palier à l absence des familles, relation avec les medecins, le pharmacien le kinésithérapeute et les aides ménagères. Nous sommes infirmières et famille à la fois.
    Ça fait beaucoup,non? Et tout ça pour le tarif d une simple toilette et prendre en pleine figure la souffrance de nos patients sans pouvoir les aider plus.
  • 06/04/2019 à 21:43
    Sophia
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    ....
    Le fric le fric toujours le fric toujours plus
    Pourquoi les IDELS ne parlent jamais ouvertement de leur salaire ?!
    8min une douche ! 8min !
    4000euros de salaire net ... 8min une douche !
    A vouloir gagner plus que de raison on s epuise oui, mais surtout on ne prend pas soin.
  • 03/12/2019 à 11:53
    Oh Ma Chérie
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    Bonjour, 8 mn c est de la JALOUSIE que de parler comme cela, soit la toilette se fait au lit pour les grabataires avec des selles jusqu 'au dos parfois de la coulante ... , dans des chambres fermées parfois les patients sont obèses , en fin de vie avec la famille à soutenir . Soit c est dans la salle de bain , ce sont des vieux qui ne marchent pas trop vite , qu'il ne faut pas bousculer, qui ont des manies , les douches ou baignoires ne sont pas toujours adaptées après on fait les shampoings, le rasage, la pose des bas , les ongles ,les médicaments , la coiffe , la pommade...., on ramène au fauteuil à petit pas et parfois on les écoute ils veulent encore parler , qu'on les rassure car ils dorment mal, ils n 'ont pas d’appétit etc... je pense qu'il faut avoir de la VOCATION chère MARIE je pense que vous n'êtes pas des nôtres, je vous souhaite juste un jour d’être confronté à la maladie et vous verrez nos petites mains...nos oreilles,notre voix , notre dévouement. Heureusement que les malades nous adorent et notre arrivée c'est que du bonheur. et pour revenir à notre salaire après déduction de la carpinko, ursaff, et autres taxes, cumulés c'est 5 mois de salaire en moins , si tu veux t 'enrichir maintenant il ne te reste plus qu'a passer le concours et bienvenue au Club. En tout cas j'ai 2 enfants adorables mais ils n'ont pas fait ce métier ils ont vu à quelle heure je rentrais , que je partais , pas de Noel de fêtes de conseils de classes très peu de dimanches ...Sache que je ne me plains pas mais lire tes 8 mn me donne envie de vomir
  • 03/12/2019 à 12:00
    Oh Ma Chérie
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    Dsl, chère Sophia c'est à toi que je m'adresse , à vouloir t'expliquer nos journées je me suis trompée de personnage , bien sur que je suis de tout cœur avec Marie, Lausm, Joffre et Avermote
  • 24/07/2020 à 16:30
    Valérie
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    Bonjour. J'ai fait un épuisement en 2016.apres 16 ans de libéral. Après 2 ans de travail en ehpad j'ai repris le libéral en 2018 seule avec 1 remplaçant. Actuellement j'ai une collègue. Tout va bien. Ce qui m'a permis de m'en sortir c'est les formations. Cela permet d'échanger avec d'autre personnes. Actuellement je prépare le CADCI (certificat approfondissement à la démarche clinique infirmière). Je pense faire mon mémoire sur l'épuisement professionnel chez les infirmiers libéraux. Si vous êtes concerné pensez qu'une infirmière peut vous aider dans la situation d'épuisement avec des consultations d'aide. Merci d'avance pour vos réponses,
  • 25/10/2020 à 12:43
    assia
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    Bonjour Valérie je te félicite pour ton rebond, beaucoup ont choisi de quitter ce qui les ramène à la profession . J'effectue un travail sur le burn out chez l'infirmier libéral et voudrai savoir en quoi consiste les consultations d'aide dont tu parles. Je suis infirmière depuis 25 ans et en libéral depuis 11 ans .
    merci pour ta réponse.
  • 04/04/2022 à 18:35
    Naz
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    Bonjour infirmière libéral depuis 7 ans, je connais le bunt out. C'est une situation difficile à vivre. Comment s'en sortir quand on est surchargé de demande. Patients procédurier, être sous pression. On nous fait aucun cadeau. Notre salaire, nous le méritons largement. Nous sommes sous payé pour notre travail. IDELS RÉVEILLEZ VOUS !!!!? Il faut faire valoir nos droits.

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