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Quel est le niveau de burn-out des infirmières libérales ? Une étude nationale inédite a été conduite en février par Didier Truchot, professeur de psychologie sociale à l’Université de Bourgogne-Franche-Comté, en partenariat avec « L’Infirmière libérale magazine ». Au cœur des interrogations, les situations de tensions que rencontrent les Idel au cours de leur activité professionnelle.
Le niveau de burn-out est très élevé chez les infirmières libérales, bien plus que chez les autres professionnels paramédicaux, et équivalent aux médecins généralistes. C’est ce qui ressort de l’analyse des réponses des 1 678 infirmières libérales qui ont participé à l’étude du Pr Truchot, professeur de psychologie sociale à l'Université de Bourgogne-Franche-Comté, et de Mathilde Duboz, étudiante en master psychologie du travail.
L’étude révèle que le burn-out est plus élevé chez les infirmières libérales travaillant seules que chez celles qui sont associées. « Il y a donc un effet net du type d’environnement de travail à prendre en compte dans les préconisations car la différence est énorme en termes d’heures de travail, rapporte Didier Truchot. Ainsi, celles qui exercent seules travaillent en moyenne 53 heures par semaine et le chiffre tombe à 38 heures pour celles qui sont associées. » Ce qui évidemment interfère avec la vie privée. Et de poursuivre : « La “voie royale” pour diminuer le burn-out peut donc être le cabinet de groupe qui protège de la charge de travail. » À titre d’exemple, les items (1) « avoir des amplitudes horaires importantes », « réaliser divers services qui ne sont pas de votre ressort » et « manquer de temps pour vous reposer » ont respectivement reçu une moyenne de 5.22, 5.18 et 4.84 sur 6.
Autre cause de l’épuisement émotionnel des infirmières libérales : « le travail empêché », qui désigne les relations conflictuelles qu'elles peuvent avoir avec les patients qui leur manquent de respect, les relations tendues avec leurs collègues ou un environnement de travail contraignant (en raison, par exemple, de difficultés de transport). Certaines situations sont fréquemment rencontrées par les infirmières libérales comme « devoir réaliser des soins dans des logements peu adaptés avec un manque de matériel, une absence de lit », item qui reçoit une moyenne de 4,57 sur 6, « être confronté à des demandes excessives des patients et/ou des familles des patients » (4,25/6) ou encore, « devoir réaliser des soins dans des logements sales, vétustes » (4,12/6).
En revanche, le fait d'éprouver des affects, des sentiments et de la compassion vis-à-vis du patient n'est pas à l'origine du burn-out, bien au contraire. « Cet élément émotionnel semble protéger de l'épuisement et de la dépersonnalisation, car ce ressenti donne du sens au travail des infirmières libérales », rapporte le Pr Truchot. L’analyse complète des résultats est disponible dans le numéro de juin de L’Infirmière libérale magazine.
Laure Martin
1. Cette étude a été réalisée grâce à un questionnaire de quelque 120 items publié dans le numéro de février de L'Infirmière libérale magazine et relayé sur notre site. Seuls les questionnaires remplis entièrement, soit 1 678, ont été pris en compte. Parmi les répondants : 88 % de femmes, 44 ans en moyenne, associées en majorité, réparties à peu près équitablement en milieux urbain, rural, semi-urbain.