© Fotolia
La ministre de la Santé a annoncé qu’elle réfléchissait à étendre l’obligation vaccinale pour les enfants, en faisant passer le nombre de maladies concernées de trois à onze.
Le feuilleton de l’obligation vaccinale approche-t-il de son dénouement ? C’est ce que l’on pourrait croire à la lecture de l’entretien accordé par Agnès Buzyn au Parisien ce matin. La nouvelle ministre des Solidarités et de la Santé semble, en effet, vouloir en finir avec ce dossier laissé en plan par Marisol Touraine.
Actuellement, en plus des trois vaccins obligatoires – diphtérie, tétanos et poliomyélite (DTP) –, huit sont simplement recommandés : coqueluche, rougeole, oreillons, rubéole, hépatite B, bactérie Haemophilus influenzae, pneumocoque et méningocoque C. Agnès Buzyn estime que ce double système est une « exception française » qui « pose un vrai problème de santé publique ». Voilà pourquoi elle dit réfléchir « à rendre obligatoires les onze vaccins pour une durée limitée, qui pourrait être de cinq à dix ans ».
Pour Pedro Conches, infirmier de santé publique à l’ARS Bourgogne-Franche-Comté qui a longtemps travaillé sur la vaccination, cette extension est notamment bienvenue en ce qui concerne la rougeole. « Il y a eu dix morts en France depuis 2008, c’est inacceptable », s’indigne-t-il. Un avis que partage également le Dr Daniel Lévy-Bruhl, épidémiologiste à Santé publique France, qui estime que la couverture contre le méningocoque a elle aussi particulièrement besoin d’être renforcée.
Mais cela ne veut pas dire que l’obligation vaccinale serait inutile pour les six autres vaccinations actuellement recommandées. « Les seules maladies pour lesquelles la couverture est tout à fait satisfaisante sont celles des vaccinations obligatoires et celles qui sont dans la même seringue (1) », remarque Daniel Lévy-Bruhl.
Reste une question : pédiatres et généralistes étant surchargés, qui va pouvoir administrer ces onze vaccins obligatoires ? Il y a peut-être là une occasion de réfléchir à des coopérations interprofessionnelles. « Pour moi, les infirmières sont compétentes pour administrer tous ces vaccins », soutient Pedro Conches. Un nouveau chantier pour la ministre ?
Adrien Renaud
1- Les trois vaccins obligatoires sont en effet actuellement administrés en une seule injection (le fameux vaccin hexavalent) avec ceux contre la coqueluche, la bactérie Haemophilus influenzae et l'hépatite B.