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Les premières données de l’étude Canto montrent des impacts variables des traitements en fonction non seulement de la pathologie et de ses thérapeutiques, mais également des caractéristiques individuelles de la patiente.
L’étude Canto (pour Cancer Toxicities) portant sur les séquelles causées par les traitements du cancer du sein livre ses premiers résultats. Douleurs, fatigue, troubles neurologiques peuvent être majorés par des facteurs individuels : mutations génétiques, mais aussi qualité de vie et état psychologique préalables de la patiente. « Les premières données analysées montrent également que des éléments de personnalité peuvent jouer et qu’une vigilance particulière pourrait être de mise en fonction du caractère de la personne traitée », observe Paul Cottu, oncologue médical et chef de service à l’Institut Curie.
D’une ampleur inédite, l’étude Canto, promue par Unicancer (1), a été lancée en 2012. Elle vise – via un suivi par questionnaire, prélèvements biologiques, entretiens – à décrire les toxicités vécues, identifier les femmes susceptibles de les développer et adapter les traitements en conséquence. 10 600 patientes ont d’ores et déjà été enrôlées et 12 000 insertions sont attendues à terme.
En termes de séquelles, 3 à 6 mois après la fin du traitement, 97 % des patientes interrogées signalent des douleurs (notamment musculaires et articulaires), qu’elles aient ou non subi une chimiothérapie. 50 % montrent des troubles digestifs. 36 % relèvent une fatigue intense avec un impact sur leur vie quotidienne. « Les femmes jeunes, avec des tumeurs plus sévères et traitées de manières plus agressive étant davantage à risque, selon les données d’Inès Vaz-Luis et Mayssam El-Mouhebb (NDLR : chercheurs à l’Inserm et à Gustave Roussy) ». Enfin, 30 % subissent des troubles neurologiques ou neuropathiques, un risque majoré en cas de traitement par chimiothérapie.
Les chercheurs se penchent à présent sur les facteurs prédictifs de ces situations. Ainsi, par exemple, les femmes ayant une qualité de vie générale dégradée au moment du diagnostic présenteraient 28 % de risques supplémentaires de développer des toxicités qui perdurent 3 mois après l’arrêt de la chimiothérapie. « Ce ne sont que nos tous premiers résultats, prévient Paul Cottu. Nous sommes en train de constituer une base de données considérable sur laquelle il y a encore 5 à 10 ans de travail pour extraire tous les enseignements. »
Sandra Mignot
(1) Unicancer est un groupe qui réunit les centres de lutte contre le cancer (CLCC) privés à but non lucratif, assurant une triple mission de soins, recherche et formation.