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Attendu tel le divin enfant, tant par les pro que les anti-PMA pour toutes, l’avis 126 du Comité consultatif national d'éthique sur les demandes sociétales de recours à l’assistance médicale à la procréation vient d’être rendu après quatre longues années de gestation réflexive.
C’est oui ! S’appuyant sur la reconnaissance de l’autonomie des femmes et la relation de l’enfant dans les nouvelles structures familiales, le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) est « conduit à proposer d’autoriser l’ouverture de l’insémination avec donneur (IAD) à toutes les femmes [couple de femmes et femmes célibataires]. » Il considère en effet que l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à des personnes sans stérilité pathologique peut se concevoir pour pallier une souffrance induite par une infécondité résultant d’orientations personnelles. Les associations LGBT qui réclamaient la PMA pour toutes (la marche des Fiertés qui s’est déroulée samedi à Paris en avait fait son principal mot d’ordre, NDLR) devraient être satisfaites par cet avis maintes fois reporté. « L’ouverture de la PMA à toutes les femmes est une question d’égalité des droits. Déjà autorisée pour les couples hétérosexuels, son interdiction pour les couples de femmes est une discrimination en fonction de l’orientation sexuelle », indique ainsi l’association SOS homophobie dans un communiqué publié ce matin. De son côté, la Manif pour tous, farouche opposante au mariage entre personnes du même sexe, crie à l’injustice estimant qu’« on ne peut pas priver un enfant de son père ».
Soulignons toutefois que l’avis du CCNE ne fait pas l’unanimité en son sein même. Une dizaine de membres s’est prononcé pour un statu quo estimant que l'insémination avec donneur devait être réservée « aux cas d’infertilité d’origine pathologique ». Favorable à la PMA pour toutes les femmes, le président de la République, Emmanuel Macron, attendait l’avis du Comité pour promouvoir une loi en ce sens. C’est chose faite et le calendrier est tout trouvé avec la révision des lois de bioéthique prévue dans quelques mois. S’agissant de la gestation pour autrui (GPA), le CCNE campe, en revanche, sur ses positions et refuse d’accéder à cette demande arguant du principe de non-marchandisation du corps humain. C’est aussi un « non » ferme pour l’autoconservation ovocytaire chez les femmes jeunes. Le Comité « insiste sur les risques cliniques et médicaux induits [par cette pratique], mais aussi sur les risques de pressions sociales et professionnelles émanant de l’entourage ou des employeurs. » Quoi qu’il en soit, l’avis 126 n’a pas fini de faire parler de lui…
Françoise Vlaemÿnck