30/06/2017

Des soignants portent plainte contre un chirurgien

31 soignants du bloc vasculaire de l’hôpital Victor Provo de Roubaix (59) ont déposé une plainte, le 14 juin, contre un chirurgien qui ferait preuve de violences physiques et verbales depuis une quinzaine d’années. Une action qui a reçu le soutien juridique du CHSCT.

« Violences », « harcèlement moral », « exposition aux risques psycho-sociaux du personnel », « atteinte sexiste ». C’est ce que reprochent les 31 soignants (dont 24 femmes) au chirurgien et chef de service du bloc vasculaire de l’hôpital Victor Provo, à Roubaix (59). « Les premières plaintes des soignants remontent à l’arrivée du médecin en question au bloc vasculaire », révèle Jacques Adamsky, secrétaire adjoint de la CGT à l’hôpital de Roubaix. Une pétition signée par les Ibode, les Iade et les aides-soignants a ainsi circulé en 2003, en dehors de toute organisation syndicale. L’ensemble du personnel soignant concerné avait alors rencontré la direction mais « aucune mesure n’avait été prise à l’époque, si ce n’est de nommer le médecin, chef de bloc, ironise Jacques Adamsky. Cela a été démoralisant pour le personnel. »

« En tant que syndicat, nous avons été amenés à rencontrer l’administration par la suite, au moment où des membres du personnel nous ont sollicités pour des faits qui les concernaient personnellement. Comme ce brancardier qui s’est fait molesté en 2007, ou cette Iade qui a subi des attouchements en 2010. Mais à chaque fois, les plaintes ont été étouffées. » Dans leur communiqué de presse, les 31 soignants dénoncent d’ailleurs ce qu’ils considèrent comme « la passivité, voire la complicité des autorités compétentes qui couvrent une situation qu’elles connaissent parfaitement ». Un comportement « totalement inacceptable ». Ils regrettent « l’absence de réaction du Centre national de gestion (CNG)  », la « réponse exonératrice du conseil départemental de l’Ordre des médecins » et « l’attentisme de la direction ».

L’enquête est (enfin) ouverte

Janvier 2017, c’est le cas de trop. « Une infirmière s’est fait agresser par le médecin qui lui a donné un coup de pied », indique Jacques Adamsky. Les soignants ont donc décidé de porter plainte collectivement puisque « jusqu’à présent, personne n’a bougé alors que toutes les portes ont été poussées, aussi bien à l’Agence régionale de santé, au CNG qu’au ministère », souligne-t-il. Alors qu’au départ, ils ne demandaient que des sanctions et des dispositions prises en interne, les soignants ont décidé de judiciariser les faits pour que des réponses institutionnelles soient données. La Fédération CGT Santé et Action sociale a, de son côté, envoyé un courrier à la nouvelle ministre de la Santé pour demander une audition et la lumière sur ce dossier. Et « la responsable des affaires des Droits de la femme au sein de la Fédération a rencontré en début de semaine la secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, et ce problème particulier a été évoqué », précise Jacques Adamsky.

Le Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) s’est, quant à lui, réuni exceptionnellement le 21 juin pour voter des résolutions, la première demandant à ce que l’administration n’autorise plus le médecin à entrer dans l’enceinte de l’établissement Victor Provo afin qu’il n’y ait pas de confrontation avec les plaignants. « Pour le moment, la direction a simplement demandé au médecin de ne plus rentrer dans le bloc, ce qu’il a accepté, indique Jacques Adamsky, également membre du CHSCT. De fait, il est toujours présent dans l’établissement. Mais selon une rumeur, il devrait partir ailleurs très prochainement. » Et d'ajouter : « L’administration n’est pas obligée de suivre cette résolution mais s’il y a un problème, elle engage sa responsable pénale. » Le CHSCT a également décidé de se porter partie civile. « Il soutient juridiquement la plainte des infirmiers car il considère que des infractions ont été commises et que les conditions de travail et de sécurité des soignants ont été bafouées », explique Muriel Bodin, avocat du CHSCT, mandatée, avec le secrétaire du CHSCT pour suivre la partie civile.

Le procureur de la République a aujourd’hui été saisi de la plainte. « C’est lui qui l’a fait aboutir », rapporte Muriel Bodin. Les suites devraient être connues d’ici deux à trois mois. Les décisions de la direction et du CNG, qui s’est saisi de l’affaire pour mesure disciplinaire, seront également connues prochainement. Les infirmiers eux, souhaitent “juste travailler sereinement” », indique Jacques Adamsky. Ils veulent pouvoir poursuivre leur mission à l’hôpital dans de bonnes conditions relationnelles qui respectent l’intégrité physique, la valeur professionnelle. Pour l’instant, le médecin est suspendu de ses fonctions, à la demande de la direction, et l’accès du bloc lui est interdit.

Laure Martin

Les dernières réactions

  • 07/07/2017 à 11:06
    berthier11
    alerter
    Encore un sociopathe... Etre chirurgien ou médecin ne dispense pas de la maladie mentale;
    Honte à la Direction de l'hôpital passive comme à l'accoutumé et aux différentes instances pour cette complicité inavouée.
    Bravo au courage des 31 soignants, si le

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