06/07/2017

Huit nouveaux vaccins obligatoires dès 2018

Dès 2018, 11 vaccins seront obligatoires pour les enfants de moins de 2 ans, contre trois aujourd’hui. Agnès Buzyn a détaillé, le 5 juillet, les grandes lignes de cette mesure, estimant qu’elle répond à un « problème de santé publique ». Une annonce qui fait suite à la déclaration du Premier ministre en faveur de l'élargissement de l’obligation vaccinale.

« Après le temps de la réflexion vient celui de la décision. » Au lendemain du discours d’Édouard Philippe, la ministre de des Solidarités et de la Santé a précisé, lors d’un point presse le 5 juillet, les modalités de la mise en place de l’obligation vaccinale pour les enfants de moins de 2 ans. Un texte qui sera présenté d’ici la fin d’année pour rendre obligatoires 8 vaccins pour la petite enfance – jusqu’alors recommandés – qui viendront s’ajouter aux trois aujourd’hui (diphtérie, tétanos et poliomyélite (DTP) : vaccin contre la coqueluche, l’hépatite B, le méningocoque C, le pneumocoque, les oreillons, la rubéole, la rougeole et la bactérie haemophilus influenzae (bactérie qui provoque notamment des pneumopathies et la méningite).

Ces mesures devraient entrer en vigueur début 2018, et en pratique, représenter « 10 injections pour les enfants, étalées sur 2 ans », a expliqué la ministre, avant d’ajouter que « 70 % des enfants a minima connaissent déjà ces 10 injections sur 2 ans, et 80 % plus de 8 injections ». Et si elle reconnaît que, comme tout médicament, le vaccin peut avoir des effets indésirables, « le risque est bien plus important à ne pas être vacciné », a insisté la ministre, consciente de la défiance qui existe : « 13 % des parents déclarent qu’ils ne feraient pas vacciner leur enfant si l’obligation était levée ». Des parents qu’elle a tenu à rassurer : « Avant d’être commercialisés, les vaccins doivent se soumettre à la procédure d’autorisation de mise sur le marché, fondé sur des critères scientifiques de qualité, de sécurité et d’efficacité, et font l’objet d’un suivi de pharmacovigilance. » De plus, une évaluation sera instaurée chaque année, tant par souci d’information et de transparence, de diffusion des données de pharmacovigilance, et de réévaluation et mise à jour de la liste des vaccins obligatoires.

Quel remboursement ?

« Tous les vaccins obligatoires seront pris en charge à 65 % par la Sécurité sociale et à 35 % par les complémentaires santé. Il n’y aura donc pas de reste à charge pour le patient », a martelé la ministre, estimant que le surcoût pour l’Assurance maladie limité entre 10 et 20 millions d’euros. Et pour ceux qui n’ont pas de complémentaire santé ? « Les centres de vaccination proposent des prises en charge à 100%, donc entièrement gratuites », répond Agnès Buzyn. De plus, il n’y a aucun risque de pénurie, assure Benoît Vallet, directeur général de la santé, car des discussions seront engagées avec les industriels pour éviter les ruptures de stock.

Que penser de la clause d’exemption ?

Cette clause, recommandée par le comité de la concertation citoyenne sur la vaccination, permettrait de refuser un vaccin pour des raisons personnelles…« Les parents devraient ainsi s’engager par écrit et en reconnaissent les responsabilités prises, notamment lors des gardes d’enfants en collectivité, a précisé le PrAlain Fischer, professeur d'immunologie pédiatrique. Néanmoins, si la clause d’exemption est mise en œuvre par trop de personnes, elle peut être révoquée. » La ministre demandera ainsi une expertise juridique poussée de constitutionnalité avant de statuer.

Et en cas de refus d’un parent ?

« Il existe aujourd’hui des pénalités pour les personnes non-vaccinées au DTP, mais elles ne sont quasiment jamais appliquées », a indiqué Agnès Buzyn. D’ou son souhait d’être davantage dans la pédagogie : « Au lieu de sanctionner, il vaut mieux accompagner et expliquer ». Avant de rappeler que « la vaccination n’est pas un geste individuel mais un acte de solidarité ».

Karen Ramsay

Bientôt une obligation vaccinale pour les soignants ?

« Les prof doivent être les premiers à donner l’exemple. J’en discute actuellement avec les Ordres professionnels, notamment pour la vaccination antigrippale, en tout cas pour ceux qui sont en contact avec les personnes âgées ou vulnérables. Je souhaiterais établir une forme de contractualisation avec les soignants, et si effectivement, nous n’arrivons pas à obtenir une couverture vaccinale suffisante, nous étendrons peut-être un jour l’obligation vaccinale. La prévention doit faire partie de la pratique soignante. Et aujourd’hui, le taux de couverture vaccinale chez les soignants n’est pas suffisante », a indiqué la ministre.

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