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200 scientifiques et professionnels de santé de 29 pays ont signé un appel pour proscrire le triclosan et le triclocarban. En effet, ces deux substances chimiques, présentes dans plusieurs produits antibactériens du quotidien, seraient responsables de la perturbation du système hormonal.
Savons antibactériens, dentifrices, chaussures, vêtements de sports : ils contiennent tous du triclosan et/ou du triclocarban, substances utilisées pendant des décennies pour leurs propriétés antimicrobiennes. Un usage dénoncé par 200 scientifiques et professionnels de santé dans The Florence Statement on Triclosan and Triclocarban, publiée en juin dernier dans la revue spécialisée Environmental Health Perspectives. Les risques provoqués par ces substances excèderaient largement les bénéfices, estiment-ils.
Ces substances – qui persistent dans l’environnement, les terres, les eaux, la faune et la flore – perturbent le système hormonal et reproductif des animaux et sont soupçonnées d’être tout aussi toxiques pour l’homme. Elles sont également présentes dans le lait maternel des femmes dans tous les pays du monde. Or, d’après les signataires de la déclaration, les connaissances se sont accumulées sur leurs effets délétères, leur toxicité sur les fœtus, leur propension à induire des plus petits poids de naissance, des naissances prématurées ou encore des boîtes crâniennes à circonférence réduite. Le triclosan est également soupçonné d’être lié à des allergies et à l’aggravation de l’asthme, surtout chez les enfants, et de favoriser le développement du cancer du sein.
Aux États-Unis et en Europe, la présence de ces produits est strictement réglementée. En 2014, la Commission européenne a restreint les teneurs en triclosan à 0,3 % dans les dentifrices, les savons pour les mains, les gels-douche, les déodorants, les poudres pour le visage et les fonds de teint, et à 0,2 % pour les bains de bouche. Ce qui est insuffisant, jugent les scientifiques. Ils réclament de la part des états des mesures plus ambitieuses : une interdiction de ces substances dans les produits si elles ne peuvent pas être remplacées par des molécules inoffensives, et une information transparente représentée par une étiquette indiquant clairement les risques sur les produits contenant du triclosan et du triclocarban.
Laure Martin avec Pourquoidocteur.fr