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Le jour de carence pour les agents de la Fonction publique sera rétabli en 2018. Une mesure, annoncée par Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, qui devrait satisfaire les dirigeants hospitaliers car cette demande est formulée par la Fédération hospitalière de France depuis plusieurs années.
D’après la FHF, la mesure permettrait une économie de 90 millions d’euros annuels pour l’hôpital public, et la lutte contre le micro-absentéisme qui désorganise les services de soins. Pourtant, en 2015, cet absentéisme de moins de 6 jours représentait un taux de seulement 0,4 % parmi les personnels non médicaux (contre 8,1 % pour l’ensemble de l’absentéisme des personnels non médicaux).
Dans la fonction publique hospitalière, les données de l’Agence technique d’information sur l’hospitalisation (ATIH), révèlent, en 2015, un taux d’absence de 7,8 % chez les IDE et de 9,9 % chez les aides-soignantes. Or, l’instauration de la mesure annoncée par Gérald Darmanin, déjà mise en œuvre entre 2012 et 2014 n’avait pas permis d’enrayer le phénomène. « Durant ce laps de temps, l’absentéisme dans la Fonction publique hospitalière n’a fait que croître, souligne Thomas Deregnaucourt, membre du collectif directeur UFMICT-CGT,passant de 7,2 à 8 %. »
Du côté des syndicats, on ne décolère donc pas.« Cette mesure, présentée comme participant d’un retour à l’équilibre des finances publiques, ne représente que quelques dizaines de millions d’euros sur près de 5 milliards que le gouvernement s’est engagé à trouver, c‘est donc une mesure symbolique, voire dogmatique, s’oppose Thomas Deregnaucourt. On continue dans le fonctionnaire-bashing. »
Et le SNPI de rappeler que les IDE ne s’arrêtent pas de travailler « pour le plaisir ». « C’est une attaque de plus avec la remise en question de la pénibilité au travail et le gel des indices, ajoute Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI-CFE-CGC. Pourtant l’absentéisme existe. Il est un problème mais on ne cherche pas en traiter les causes que sont le sous-effectif, la charge de travail, l’insuffisance de travail en équipe, etc. »
Imposer aux agents de la Fonction publique un jour de carence représente la non-prise en charge du salaire pour le premier jour d’un arrêt maladie ordinaire. Dans le secteur privé, 3 jours de carence sont imposés aux salariés, qui ne sont donc indemnisés qu’à compter du 4e jour d’arrêt. Près de 66 % d’entre eux bénéficient néanmoins d’une couverture totale ou partielle de ces trois journées, selon l’accord de branche ou la convention professionnelle dont ils relèvent. Gérald Darmanin avait d’ailleurs annoncé en mai dernier, dans ses entretiens avec les partenaires sociaux, que la mesure serait accompagnée de mesures de « prévoyance ». De là à y voir la constitution d’un nouveau marché potentiel pour les assurances et mutuelles…
Sandra Mignot