Tour de France : au service du peloton | Espace Infirmier
 

20/07/2017

[SPÉCIAL ÉTÉ] Tour de France : au service du peloton

Événement incontournable de l’été, le Tour de France est sécurisé par une équipe médicale expérimentée. Rencontre avec Colette Peyronnet, infirmière anesthésiste au Centre hospitalier de Saint-Flour, dans le Cantal.

Chaque année depuis quatre ans, Colette Peyronnet accompagne le Tour de France durant les trois semaines que dure la compétition. « Je fais également partie de l’équipe médicale du Dakar, ajoute-t-elle. J’aime la vie en collectivité, le fait de travailler hors du cadre habituel, de rencontrer d’autres collaborateurs… Et bien sûr, le sport ! » Après le ski et la course à pied, elle s’est mise au cyclisme : « pour savoir ce qu’ils ressentent. » L’infirmière utilise d’ailleurs tous ses congés pour remplir ces missions un peu spéciales : « Ce sont mes vacances aussi. Cela me sort de ma routine et puis, il y a ce côté aventure que j’adore. »

Admirative des sportifs et de leur performance, elle n’avait pourtant pas prévu une telle orientation de carrière. Colette Peyronnet a terminé ses études d’infirmière en 1997, puis son cursus d’anesthésiste en 2006. « C’est le hasard et la chance qui m’ont amenée à travailler sur ces compétitions. » Car la professionnelle a croisé, durant son parcours hospitalier, Florence Pommerie, médecin urgentiste, responsable de l’équipe du Tour. « Nous avons travaillé ensemble au Smur de Bobigny et c’est elle qui m’a permis d’intégrer l’équipe. »Celle-ci est composée de 10 médecins, 5 infirmiers anesthésistes, 2 infirmières, 1 radiologue et des ambulanciers répartis entre divers véhicules. Deux cabriolets, une moto, sept ambulances couvrent l’ensemble de la course, stratégiquement positionnés dans la caravane publicitaire et parmi les compétiteurs. « Nous devons pouvoir intervenir au plus vite auprès de chacun, qu’un besoin se manifeste en tête comme en queue de course, mais aussi auprès des spectateurs en amont sur la partie privatisée du parcours ou dans ce qu’on appelle le “ventre mou”(1) », résume Colette Peyronnet, qui exerce le reste de l’année au centre hospitalier de Saint-Flour. Du coup, c’est un balai incessant et une régulation constante pour nous positionner au mieux tout au long du parcours. »

                    
                     © Sandra Mignot

« Il faut aimer les sportifs »

Sous ses boucles auburn en bataille – peut-être à force de se pencher sur la portière du cabriolet pour prodiguer des soins – l’IADE, comme tous les professionnels de l’équipe, connaît bien la compétition et ses champions. « Il faut aimer les sportifs, les appeler par leur prénom quand on intervient. C’est tellement difficile ce qu’ils accomplissent là. »

Les interventions, sur autorisation du directeur de la course, sont variables. « Cela peut aller de la prévention d’une insolation, au pansement plus ou moins complexe, en passant par des conseils d’hydratation ou la prise en charge de troubles intestinaux. » L’effort intense fournit par les coureurs est, en effet, à l’origine d’ischémies mésentériques perturbantes pour le système digestif. « C’est un exercice très particulier, résume-t-elle. Nous devons faire vite, privilégier le confort du coureur, nous adapter à des conditions un peu acrobatiques, trouver comment faire tenir un pansement malgré la sueur… »

En ambulance, les infirmiers peuvent également prodiguer des points de suture. « Même si c’est plus propre de les réaliser à l’arrivée dans le camion radiologique », souligne l’IADE. Ils interviennent également en cas de traumatisme sévère : « Nous avons un gros trauma, c’est-à-dire engageant le pronostic vital, tous les 5 ans, mais nous sommes prêts à le gérer à chaque instant. » Et l’édition 2017 aura été riche en fractures de toutes sortes dès la toute première étape de la course : fracture de la rotule, de l’astragale, de la clavicule, du bassin, de l’épaule, du rachis lombaire, luxations… « Il faut comprendre qu’une chute à 70 ou 80 km/h, dans une descente, c’est terrible, précise l'infirmière. À part le casque, les coureurs n’ont aucune protection, ils sont tous polyfracturés… »

Enfin, l’équipe peut également intervenir auprès de l’ensemble des professionnels qui accompagnent les étapes, notamment le soir, après l’arrivée. « Le Tour, c’est près de 4 000 personnes mobilisées et en itinérance pendant trois semaines, observe l’infirmière. On gère aussi ces consultations-là, même s’il s’agit après d’orienter vers le système de soin ordinaire.  »

Sandra Mignot

1. Ventre mou : l’espace qui sépare la caravane publicitaire des premiers coureurs.

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