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En CDD au Centre hospitalier de la Dracénie, à Draguignan, depuis septembre 2013, une aide-soignante estime être victime de discrimination. En effet, après l’annonce de son cancer du sein, une promesse d’embauche en CDI n’aurait jamais vu le jour.
C’est un contrat à durée indéterminée (CDI) qu’aurait dû signer en août 2014 Carine Denutte, aide-soignante à l’hôpital de la Dracénie, à Draguignan. Mais depuis son cancer du sein, le CDI n’est plus d’actualité. « En septembre 2013, raconte-elle, j’ai intégré le service pneumo du CH et j’y suis restée cinq mois. J'ai ensuite été affectée à la maison de retraite du Malmont. Je devais normalement signer mon CDI le 1er août 2014, mais en juin, j’ai appris que j'avais un cancer du sein. J'aurais pu ne rien dire et attendre de signer mon contrat. Mais par honnêteté, j’en ai parlé de suite à mon directeur de soins. Il m'a dit qu'il fallait que je me soigne, que je guérisse et qu'il allait me reprendre. »
Son contrat s'arrête donc le 31 juillet 2014 et après un protocole d’un an et demi, alors qu’elle se sent mieux, elle demande à reprendre le travail en janvier 2016. Mais elle se voit proposer des postes, sur un site de l’hôpital, « qui sont quand même assez lourds, en sachant que j’avais eu la moitié d’un sein enlevé et la chaîne ganglionnaire sur le bras complètement retirée ». Finalement, à force de demandes, elle obtient d’intégrer le service de médecine polyvalente de l'hôpital, « lui aussi parmi les plus durs ». « Mais malgré les séquelles de ma maladie, les douleurs, j'ai prouvé, depuis la reprise en avril 2016, que je voulais travailler, que j'y mettais toute ma bonne volonté, soutient-elle. J'ai plusieurs fois été rappelée pour remplacer des collègues en arrêt. Il m'est aussi arrivé de travailler quatre week-ends d'affilée. J'ai toujours été là, disponible pour le service. »
Mais en septembre, avec 7,5 de tension, elle doit s'arrêter : « Mon oncologue m'avait donné trois semaines, je n'ai pris que quelques jours, témoigne-t-elle. Et en avril 2017, j'ai dû malheureusement me faire opérer de la veine saphène. Par souci de planning, cela arrangeait ma cadre de service que l'opération se fasse en mai, sans même que je me mette en arrêt, par le biais de jours de récupération. Le fait est que j'ai dû m'arrêter quand même une dizaine de jours car j'ai subi des complications. »
Une fois revenue à son poste de travail, elle s'enquiert du CDI qu'elle aurait dû signer trois ans plus tôt. Mais pour la direction, ce n’est plus à l’ordre du jour. Lors d'un entretien fin juin avec le directeur de soins, celui-ci se justifie : « Il m'a répondu que j'abusais des arrêts maladie, après un cancer du sein ! Avec tout un argumentaire comme quoi avec les nouvelles lois, les CDI équivalaient à des CDD. Je lui ai demandé si ce n'était pas ma maladie qui le gênait, il m'a répondu que non. C'est dur à entendre alors que j'ai côtoyé à l'hôpital des personnes en CDI qui sont sans cesse en arrêt maladie. Sa réponse a été : si vous avez été arrêtée deux fois, c'est bien la preuve que vous n'êtes pas en bonne santé. »
« Pour moi, c'est de la discrimination, du harcèlement », dénonce-t-elle. Elle est donc retournée voir son oncologue qui « m'a arrêtée jusqu'au 31 août, date à laquelle mon contrat prend fin. Je ne veux plus retourner à l'hôpital. Même s'ils me font signer un CDI, je sais que je vais en baver, je les connais, je sais comment cela se passe. » Carine Denutte veut surtout témoigner contre ce qu’elle considère comme une double peine à l’encontre des personnes atteintes d'un cancer et parfois, mises au ban de leur activité professionnelle : « On ressent un terrible sentiment d'injustice. »
Laure Martin avec Var matin