26/07/2017

Terrorisme : les soignants sont-ils suffisamment armés ?

Depuis les attentats du 13 novembre 2015 et du 14 juillet 2016, le dispositif sanitaire français s’adapte et se prépare au pire. Des urgentistes français publient, ce 26 juillet, leurs retours d’expériences et tirent des leçons des événements passés. 

Les équipes d’urgence françaises sont préparées à la prise en charge des conséquences des attaques terroristes, mais l’afflux de victimes, en particulier pédiatriques, a été difficile à gérer. Tel est l’un des enseignements tirés de l’analyse de la réponse médicale apportée aux attentats de Paris et de Nice par un groupe d’urgentistes français (1) qui publient, ce 26 juillet, leurs observations et recommandations dans le journal The Lancet (2). À Nice notamment, l’hôpital Lenval a subi un « main gate syndrome » (ou « syndrome de la porte principale »), dû à l’afflux d’enfants gravement blessés dans cet établissement, le plus proche du lieu de l’attaque.

Depuis, des efforts en termes de formation chirurgicale ont donc été déployés, grâce notamment à l’implication du service de santé militaire. Un cours en ligne, désormais accessible, concerne la réanimation, la chirurgie, le triage et le soin « sous le feu ». Certaines universités de médecine proposent, à tous les étudiants en internat, un enseignement de gestion du trauma qui devrait être généralisé au cours de l’année 2017-2018. Les équipes de Samu et de pompiers ont, elles, été équipées d’un matériel plus adapté (tourniquets et pansements hémostatiques) à la prise en charge des hémorragies « même si tous les décès précoces par exsanguination ne sont pas évitables ». Enfin, un protocole d’identification des victimes plus rapide a été mis en place, privilégiant le recueil des empreintes (digitales et dentaires) et de l’ADN sur l’attente des résultats d’autopsie.

Les hôpitaux, des cibles possibles

Mais une mobilisation régionale des structures de soins, la favorisation des transferts de compétence ou de patients, et une coordination forte demeurent les facteurs de réponse les plus importants face à une attaque terroriste, « en particulier si un attentat devait avoir lieu dans des lieux les moins peuplés ».

Les auteurs soulignent également qu’à la lumière de ce qui se passe au Proche-Orient, les établissements de soins peuvent devenir une cible du terrorisme et doivent donc réviser régulièrement leurs procédures en la matière en accord avec le dispositif Orsan (organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles). La perspective d’une attaque chimique doit également être préparée. « Et parce que la lutte contre le terrorisme est une lutte mondiale, la réponse médicale doit également être internationale et nous devons partager nos expériences afin de mieux servir les populations », concluent-ils.

Sandra Mignot

1. Urgentistes de l’AP-HP (Samu 75 et Hôpitaux Pitié-Salpêtrière, Necker et HEGP), du CHU de Nice, de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris et du Service de santé des armées (École du Val-de-Grâce) et enseignants des Universités Paris Descartes, Pierre et Marie Curie et Nice Sophia Antipolis.
2. Cette publication intervient après qu’une commission d’enquête de l’Assemblée nationale ait contesté l’efficacité des secours, leur rapidité d’intervention et l’équipement des pompiers et des militaires.

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