© Jean-Michel Delage
Au parc du Puy du Fou, en Vendée, trois IDE gèrent au quotidien les petits bobos des visiteurs. Mais aussi, tout incident qui pourrait toucher les employés saisonniers ou les acteurs permanents. Une sacrée mission pour ces soignants qui évoluent dans un magnifique décor historique qui a accueilli, en 2016, plus de 2,2 millions de visiteurs.
« Bonjour monsieur. Pourriez-vous m’indiquer l’infirmerie ? » « Alors, vous traversez le village du 18e siècle et dès que vous atteignez le fort de l’an mille, celui des vikings, vous verrez, ce sera indiqué ! » Un dialogue qui pourrait sembler surréaliste… mais qui est tout à fait adapté au lieu. Nous sommes au Puy du Fou, le parc d’attractions historique vendéen. Au bout d’un chemin ombragé, une maison en pierre. Nous y sommes. Il est encore tôt. C’est la pleine saison estivale, mais une journée un peu maussade pour un mois de juillet. Les premiers visiteurs sont déjà partis à la découverte des spectacles. Raphael Simorre, l’infirmier de garde, est arrivé depuis un moment, bien avant l’ouverture. « Il faut que la “golf” soit armée avant l’ouverture des portes », précise le soignant. Comprenez : la voiturette électrique médicale – qui sert pour les interventions dans le parc – est dite « armée » quand elle a été chargée : défibrillateur, ampoulier, sac médecin, sac infirmier, et aussi un nouvel appareil, un Schiller, qui fait office d’électrocardiogramme, de scope et qui sert à télétransmettre à la régulation du 15, à la Roche-sur-Yon.
Raphael connaît l’espace du parc sur le bout des doigts. Pas étonnant, il y a travaillé tous les étés depuis 2009. « Pendant mes études en soins infirmiers, je faisais le service dans les restaurants. Mais là, c’est ma première saison en tant qu’infirmier. » Ils sont trois à officier au sein du dispositif mis en place sur le site. « Il y a toujours deux infirmières et un médecin. Et les secouristes qui, eux, sont vraiment sur le terrain. Ce sont nos yeux ! » Il est à peine 10 heures et voilà déjà un premier patient. Celui-ci se plaint de troubles visuels. Raphael le reçoit dans l’un des trois boxes, puis contacte le médecin. Place cette fois à une jeune femme : saisonnière, elle pilote un planeur ultra-léger motorisé (ULM) et vole avec les oies… Mais des douleurs à l’épaule la font souffrir. Raphael se charge de lui donner les médicaments prescrits par le médecin. « Je dois également prévenir le responsable du spectacle pour lequel elle travaille. C’est le protocole. Car les acteurs et saisonniers sont tellement passionnés qu’ils refusent les arrêts de travail. Cette jeune femme devra juste en faire un peu moins… »
L’infirmerie se positionne comme un petit service d’urgence. « Il y a 1 900 employés en saison. Et près de 10 000 visiteurs certains jours. Une petite ville ! » Et c’est au minimum, une trentaine de personnes à qui des soins sont prodigués quotidiennement. De la bobologie la plupart du temps : un mal de ventre, une fièvre, quelques chutes ou un malaise vagal… Mais il leur arrive aussi de gérer des accidents plus sérieux : une chute de cheval, une crise cardiaque… Mais aujourd’hui, rien de tout cela. Si ce n’est cette personne âgée, épuisée. « Nous la gardons le temps qu’il faut dans nos locaux. »
Et puis soudain, un appel des secouristes. Une femme menace de se suicider dans un restaurant du quartier 1900… La voiturette emmène rapidement le médecin et l’infirmier pour une prise en charge au cœur des visiteurs. Plus de peur que de mal. La femme sera finalement conduite à l’infirmerie. Les pompiers sont appelés et elle sera évacuée vers l’hôpital de Cholet. La journée est loin d’être finie au Puy du Fou.
Texte et photos : Jean-Michel Delage