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« Le rôle du personnel, dans la prise en charge des personnes privées de liberté, est indissociable des droits fondamentaux de ces personnes », rappelle Adeline Hazan, contrôleur général des lieux de privation de liberté, dans son second rapport thématique dédié cette-fois au personnel.
S’agissant du personnel soignant du secteur psychiatrique, un ratio type de soignants doit être instauré par catégorie d’unité, sur le modèle du secteur somatique, recommande le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) dans son rapport publié début août. « Le manque de personnel conduit à la méconnaissance de droits fondamentaux des patients » révèle ainsi le document qui pointe que « dans la vie quotidienne, le temps consacré aux patients se limite parfois à répondre aux demandes pour : sortir de l’unité, fumer une cigarette ou utiliser son téléphone portable, notamment lorsque ces derniers font l’objet de nombreuses restrictions ». Une situation qui n’étonne guère François Bès, coordinateur du pôle enquête de l’Observatoire international des prisons (OIP) : « Les choses ne bougent pas alors que la situation générale s’est considérablement aggravée ces dernières années. Ainsi, il y a une absence de politique globale et notamment de politique sanitaire en santé mentale qui aboutit à la paupérisation de la psychiatrie en France. Par ailleurs, les différentes reformes pénales et les pratiques des magistrats font que la population carcérale explose. Bref, c’est toujours plus de détenus mais pas plus de soignants, alors que bon nombre de personnes placées en détention n’ont rien à y faire et qu’elles ne seront pas correctement prises en charge…».
Une formation adaptée à la psychiatrie demeure nécessaire pour les soignants et notamment les infirmières qui sont affectées dans ces unités, relève également le contrôleur général qui note de surcroît que les locaux vétustes et l’architecture inadaptée « n’offrent pas des conditions de prise en charge optimales et peuvent conduire les soignants à adopter des pratiques contre-thérapeutiques portant atteinte à la dignité des patients ». Par ailleurs, avec un taux de 19 % en moyenne, « l’absentéisme semble être le baromètre d’une ambiance générale terreau de pratiques professionnelles hasardeuse », critique le contrôle général.
Dans ce contexte, « instaurer un ratio est une première piste – sachant que dans le secteur somatique, ce ratio n’est pas toujours respecté –, qui pourrait contraindre les agences régionales de santé (ARS) et les directeurs d’hôpitaux à déléguer du personnel dans les unités spécialisées. Après, cela ne résoudra pas tout, et notamment le fait que la prison passe toujours après le reste… », estime François Bès. Et d’ajouter : « La plupart des soignants font au mieux avec les moyens qu’ils ont et avec les contraintes quotidiennes inhérentes aux lieux d’enfermement pour faire valoir la logique de santé face à une logique sécuritaire défendue par l’administration pénitentiaire qui demeure la plus entendue. C’est un combat à saluer. »
Françoise Vlaemÿnck