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Tristan, 7 ans, a été diagnostiqué d’un diabète de type 1. Mais impossible de trouver une infirmière libérale pour réaliser les piqûres d’insuline. À quelques jours de la rentrée, l’appel de sa mère sur les réseaux sociaux a été partagé plus de 5 000 fois.
« Maman désespérée cherche infirmier(ère) pour la rentrée de septembre. Le matin et 17 h, sur Montbrun-Lauragais, et Corronsac, le midi. » Le message posté sur le réseau social Facebook par Laure Mazillier, le 21 juillet, a été partagé plus de 5 000 fois… sans trouver de solution. L’histoire remonte à octobre 2016 : son fils Tristan, âgé de 7 ans et scolarisé en CE2, est alors diagnostiqué d’un diabète de type 1. « En novembre, j'ai appelé les cabinets et des infirmiers dans les alentours (une dizaine). J'ai eu des refus, soit parce que j'habite trop loin, soit leurs tournées est déjà programmées (ne pouvant donc pas rajouter mon fils) », se désole la maman qui ne souhaite pas que son enfant se pique seul. Cette employée de grande surface va jusqu’à envisager « d’arrêter de bosser ou de déménager (…) si rien pour la rentrée. ».
Sur le net, le débat s’enflamme. Si certains parents d’enfants diabétiques lui apportent soutien, conseils et contacts, d’autres internautes stigmatisent les professionnels de santé qui, selon certains commentaires, « refusent de soigner ». « Sur ma tournée, nous avons quatre enfants diabétiques avec des contraintes horaires, bien évidemment, 10 heures, 11 h 30, 14 h 30, et 16 heures. Mais nous nous sommes engagés et tout se passe bien », assure Idel’s Gironde sur la page Facebook de L’infirmière libérale magazine. « Pareil en Charente », répond Christelle Bonneau.
En creux, plusieurs infirmières expliquent la faible prise en charge de tels actes par l’Assurance Maladie, la difficile insertion de ces injections dans des tournées surchargées et inédites chaque jour, ou encore, le zonage de la présence infirmière sur le territoire (voir encadré). « Pour une infirmière, le problème dans cette prise en charge, c'est qu'il n'y a pas de retard permis dans la tournée, alimente Lililou Jamais, infirmière libérale et maman d’un fils diabétique. Il faut y être à l'heure exacte. Et pour les infirmières, la contrainte horaire, c'est beaucoup de stress, pour (dans ce cas) une rémunération ridicule. »
Céline Cassan résume dans un post : « Un déplacement est payé 2,50 euros ! Une injection est payée 7 euros, qu'elle vous prenne 10 ou 30 minutes (avec le trajet). De plus, nous sommes limités par les CPAM en zone géographique d'installation. Or, dans ce cas précis, l'enfant est scolarisé en zone rurale avec peu d'infirmières installées. Et nos journées, nos tournées ne sont pas extensibles. Bon nombre, situées en zones rurales, travaillent plus de 12 heures par jour. Il faut savoir aussi que les caisses nous mettent la pression afin de rembourser de moins en moins de soins en nous expliquant que les patients sont capables de se les faire eux-même, comme justement les contrôles de glycémie et les injections d'insuline grâce à des stylos. »
Zonage : ce que dit l’Assurance MaladieInitié en 2008, par le ministère de la Santé, en lien avec les professionnels, le zonage vise « au rééquilibrage de l’offre de soins infirmiers en France, tout en garantissant une réponse adaptée aux besoins de soins de la population ». Cela passe par « une régulation de l’accès au conventionnement dans les zones dites sur-dotées » et « la mise en place de mesures incitatives dans les zones dites très sous-dotées ». En clair, « en cas d’installation en exercice libéral dans une zone très sous-dotée, l’adhésion au contrat incitatif infirmier permet de percevoir une aide forfaitaire annuelle et de bénéficier d’une prise en charge des cotisations dues au titre des allocations familiales, explique L’Assurance maladie sur son site Ameli.fr. L'avenant n° 3 à la convention nationale des infirmières et infirmiers libéraux remplace l'appellation de “contrat santé solidarité” par “contrat incitatif infirmier”. Dans les zones « sur-dotées », l’accès au conventionnement d’une infirmière ne peut intervenir que si une autre infirmière cesse son activité définitivement dans la zone considérée. Dans les autres zones, l’exercice libéral sous convention n’est soumis à aucune autre condition particulière. À savoir que les communes de Montbrun-Lauragais et Corronsac – où est scolarisé Tristan –, se trouvent en zone intermédiaire en termes de dotation en infirmiers libéraux, selon les chiffres 2016 de l’ARS Occitanie. |
Carole Tymen