© Fotolia
Qu’elle soit faite par des patients ou des professionnels de santé, la déclaration des effets indésirables des médicaments reste tout aussi pertinente et informative. C’est ce que révèle une étude conduite par le Centre régional de pharmacovigilance de Nice.
Au moment où l’alerte lancée par les patients sur les effets indésirables du « nouveau » Levothyrox prend de l’ampleur, une étude comparative, pilotée par le Centre régional de pharmacovigilance (CRP) du CHU de Nice, entre janvier et septembre 2016, et qui a décortiqué 183 notifications (62 déclarations de patients et 121 de professionnels) démontre que les déclarations spontanées faites par les patients sont aussi pertinentes que celles notifiées par les professionnels de santé.
« Une de nos missions est d’évaluer les signaux – en termes de gravité ou fréquence – d’événements indésirables qui pourraient être associés à des médicaments qu’ils soient connus, mais qui n’en sont pas moins graves, ou inconnus et que l’on découvre en fonction de la gravité au regard de “cas marquants”, explique le Pr Milou-Daniel Drici, responsable du CRP niçois. Or, lorsqu’on décrivait les cas signalés par les patients, on notait une sorte de déclassement de leurs observations par les professionnels de santé. » En clair, on considérait que les déclarations des patients étaient “douteuses” et par conséquent, à prendre avec des pincettes… Rappelons que depuis 2011, les patients ou les associations de patients ont la possibilité de s’adresser à leur CRP pour déclarer leurs observations et depuis cette année, ils peuvent directement les notifier sur le site de l’Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
« Nous avons donc décidé de lancer cette étude pour analyser scientifiquement les notifications. Résultat : elles sont comparables en qualité de fond et de forme, et les effets indésirables décrits par les patients sont tout à fait rationnels. Et si ces derniers ont tendance à tout décrire, les professionnels de santé ont, eux, tendance à minimiser ou à ne pas déclarer les effets indésirables non graves déjà connus. Or, c’est important car si l’on met sur le marché un médicament qui provoque 15 % de douleurs à l’estomac et que les déclarations signalent 40 % de douleurs, cela peut modifier son rapport bénéfice/risque », relève le Pr Drici.
Première du genre en France, cette analyse devra être confirmée par d’autres études plus importantes. C’est le souhait de l’équipe du CPR de Nice qui estime que la participation des patients et associations de patients est nécessaire tant en termes de transparence que d’évaluation. Et qu’à ce titre, ils ont parfaitement voix au chapitre.
Françoise Vlaemÿnck