LIBÉRAL : La FFPS rassemble les paramédicaux

La rupture est consommée. Dans un communiqué publié début août par la Fédération nationale des infirmiers (FNI), huit syndicats représentatifs des infirmiers, des masseurs-kinésithérapeutes, des orthophonistes, des orthoptistes et des pédicures-podologues⁽¹⁾ ont annoncé la création de la Fédération française des praticiens de santé (FFPS), conséquence de leurs départs respectifs du Centre national des professionnels de santé (CNPS). « Nous avons passé le mois d’août à l’écriture des statuts, et avons programmé une journée de travail début septembre, ainsi qu’une assemblée constituante pour adopter les divers statuts », explique Philippe Tisserand, président de la FNI, et fortement pressenti pour assurer la présidence de cette nouvelle entité.

Une création qui se veut « à la fois symbolique et surtout opérationnelle », indique leur communiqué : « Symbolique sur le plan sémantique car exit le terme d’auxiliaire médical déconnecté de la réalité de leur activité, et opérationnelle car le premier objet de la fédération est d’obtenir une modification du livre 3 du code de la santé publique afin de remplacer les mots “auxiliaires médicaux” par “praticiens de santé” ». En effet, estiment les auteurs, « il est temps de remplacer cette vision de subalterne par une vision de partenaire du corps médical ».

Pour une meilleure coordination

« La constitution de cette intersyndicale marque la volonté d’un vrai travail en commun, d’une meilleure organisation des prises en charge et d’une coordination efficace. Car la volonté des autorités d’améliorer la coopération interprofessionnelle a fait naître malheureusement des clivages et des crispations, poursuit Philippe Tisserand. La loi HPST a proposé, et imposé comme solution, de travailler sur le vieux rapport Berland, notamment sur la mention de “transferts de tâches de compétences”. Il s’agit là d’un mauvais départ… Car s’il y a besoin d’économiser du temps utile, ça ne peut pas être construit sur une notion de transfert de tâches. Ce qu’il faudrait, c’est une vraie complémentarité des professions. Et ce, à travers des zones de compétences croisées. » Une notion qui figure parmi les six sujets prioritaires définis par la FFPS :
- promouvoir les compétences spécifiques des professions paramédicales afin d’accompagner le virage ambulatoire ;
- favoriser la coopération avec les professions médicales en misant davantage sur une recherche de zones de compétences et non des transferts de tâches ;
- promouvoir la participation des praticiens de santé à la permanence des soins en autorisant l’accès direct ;
‐ proposer des solutions concrètes afin de renforcer la coordination ville/hôpital ;
‐ favoriser la possibilité d’intervention à distance, notamment à travers des actes de télémédecine, de la téléexpertise ou de téléconsultation ;
‐ mobiliser les compétences et qualifications des praticiens de santé pour favoriser l’éducation à la santé et renforcer la prévention.

Une vraie démarche d’émancipation qui devrait « conduire à travailler avec le corps médical dans un paradigme renové », se réjouit Philippe Tisserand.

Karen Ramsay

NOTE
1. La Fédération nationale des infirmiers (FNI), Convergence infirmière, l’Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux (Onsil), la Fédération nationale des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR), l’Union nationale des syndicats de masseurs-kinésithérapeutes libéraux (UNSMKL), la Fédération nationale des orthophonistes (FNO), le Syndicat national autonome des orthoptistes (Snao) et la Fédération nationale des podologues (FNP).